Les superviseurs à la prison ontarienne où Ashley Smith était incarcérée avaient convenu qu'il n'était pas nécessaire d'intervenir chaque fois que l'adolescente nouait une corde autour de son cou, parce que cette habitude ne mettait pas toujours sa vie en danger, a déclaré mercredi une ex-directrice.

Michelle Bridgen, qui était directrice à l'Établissement pour femmes de Grand Valley, à Kitchener, à l'époque où Ashley s'y trouvait, a déclaré à l'enquête sur la mort de la jeune détenue que la direction voulait aussi donner la chance à la jeune femme de remettre elle-même la corde aux gardiens.

Elle a ajouté qu'il arrivait que la corde ne soit pas très serrée autour du cou de l'adolescente, qui faisait parfois une boucle et passait ses doigts entre son cou et la corde pour montrer qu'il y avait du jeu.

Selon Mme Bridgen, Ashley avait confié aux agents correctionnels qu'elle avait seulement besoin de sentir la présence de la corde autour de son cou.

Les autorités carcérales ont donc dû choisir entre risquer de faire peur à la détenue en ordonnant aux gardiens de se précipiter dans sa cellule d'isolement pour lui retirer la corde, ou renforcer son autonomie en lui permettant de donner la corde sans y être forcée.

La question des directives reçues par les agents correctionnels quant à la manière appropriée d'agir lorsqu'Ashley était en train de s'étrangler est au coeur de l'enquête sur le décès de la jeune détenue de 19 ans.

«Vous devez avoir une bonne raison pour entrer dans une cellule», a fait valoir Michelle Bridgen durant son témoignage, mercredi.

Originaire de Moncton, au Nouveau-Brunswick, Ashley Smith s'est asphyxiée dans sa cellule d'isolement le 19 octobre 2007 sous les yeux des gardiens, qui prétendent aujourd'hui avoir reçu l'ordre de ne pas intervenir tant qu'elle respirait.