L'ancien patron du comité de surveillance des services secrets canadiens prévoit contester son extradition du Panama vers le Canada.

Arthur Porter et sa femme, Pamela, ont passé la journée de jeudi dans un centre de détention de Panama, jeudi, quelques jours après avoir été arrêtés cette semaine par les autorités panaméennes sur un mandat d'Interpol. Depuis des mois, le docteur Porter, qui vit aux Bahamas, est recherché en lien avec les scandales de corruption qui touchent la province.

L'homme de 57 ans, fait face à une longue liste d'accusations: fraude, complot pour fraude, fraude contre le gouvernement, bris de confiance, blanchiment d'argent et d'avoir accepté des pots-de-vin. Son épouse, dont le mandat d'arrêt n'avait pas été rendu public, fait face à des accusations de blanchiment d'argent et de complot.

Le médecin est l'une des nombreuses personnes accusées en lien avec des fraudes qui seraient survenues lors de la construction du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Le chantier de 1,3 milliard $ est l'un des projets d'infrastructure les plus importants au pays. Le médecin prétend qu'il n'a rien fait de mal.

Arthur Porter avait été nommé par Stephen Harper à la tête du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, lequel supervise le travail du Service canadien du renseignement de sécurité .

L'avocat panaméen du docteur Porter a confirmé à La Presse Canadienne qu'il allait contester l'extradition, mais aussi demander une libération sous caution, au cours des prochains jours.

«Il a le droit de se défendre et il a décidé de se défendre», a déclaré Me Ricardo Bilonick dans une entrevue téléphonique.

Des médias avaient rapporté que M. Porter ne contesterait pas son extradition, mais les choses ont changé, explique son avocat.

«Lorsque je l'ai vu pour la première fois, au lendemain de son arrestation, il était évidemment déprimé», a raconté Ricardo Bilonick, un ancien diplomate qui a témoigné au procès de l'ancien dictateur panaméen Manuel Noriega, en 1991, au sujet de leurs liens illégaux.

«Aujourd'hui je l'ai trouvé motivé et disposé à se battre», a ajouté Me Bilonick au sujet de M. Porter.

L'avocat affirme que la requête en extradition du gouvernement canadien a été mal préparée. Par ailleurs, il envisageait de présenter une demande de libération sous cautionnement la semaine prochaine, une procédure qui pourrait prendre quelques jours, voire deux semaines.

Si la libération est accordée, le couple Porter devra rester au Panama jusqu'à ce que les procédures d'extradition soient terminées, un processus qui pourrait durer des mois.

Les policiers ont arrêté M. Porter et son épouse après avoir appris que les autorités canadiennes avaient lancé un mandat d'arrêt en lien avec des allégations de fraude.

Selon les policiers, le couple avait quitté les Bahamas, où ils habitent, pour se rendre à Trinité-et-Tobago. Ils ont été interceptés lors d'un arrêt à Panama.

Ricardo Bilonick affirme plutôt que le couple se rendait à Antigua-et-Barbuda où le docteur Porter avait planifié une rencontre avec le premier ministre, dans le cadre d'une mission diplomatique pour son pays natal, le Sierra Leone.

M. Porter aurait utilisé un passeport diplomatique de ce pays pour entrer au Panama. Il a été arrêté quelques heures plus tard à son hôtel.

L'avocat croit que son client n'aurait pas dû être arrêté en raison de son immunité diplomatique. Il croit que sa mauvaise santé est l'une des raisons pour lesquelles le médecin ne devrait pas être extradé au Canada.

«J'ai aussi quelques options que je ne vous dévoile pas... parce que ce sont des as dans ma manche», a illustré Me Bilonick.

M. Porter a dit souffrir d'un cancer de grade quatre et qu'il est trop malade pour voyager.

Interrogé à savoir pourquoi M. Porter voyageait malgré son piètre état de santé, son avocat a répondu ainsi : «Je ne sais pas, je ne l'ai jamais connu avant... Ce pourrait être une importante mission (à Antigua).»

Il affirme aussi qu'un oncologue et partenaire d'affaires de la clinique médicale de M. Porter se rendra au Panama, cette semaine, pour soigner son ami malade.

Le médecin en question est Karol Sikora, l'un des oncologues qui avaient examiné Abdel Baset al-Megrahi, l'homme condamné pour l'explosion d'un avion à Lockerbie, en 1988. Leur diagnostic avait mené à la libération du condamné pour des raisons humanitaires, sur la base qu'il ne lui restait que trois mois à vivre. Megrabi est retourné vivre ses derniers jours en Lybie, et a vécu pendant trois autres années.

«M. Porter ne se porte pas très bien», affirme Me Bilonick, ajoutant que son client prendrait présentement un traitement oral de chimiothérapie.

Le couple Porter devrait être transféré prochainement vers des centres de détentions séparés à une soixantaine de kilomètres de la capitale.