L'entêtement de Marcel Mailloux à se baigner, à faire du jardinage, à bricoler et même à réparer sa voiture en tenue d'Adam aura fini par lui coûter cher. M. Mailloux et sa conjointe ont été condamnés à payer 32 000 $ en réparation à un voisin exaspéré.

René Gendreau, âgé de 71 ans, habite depuis 40 ans à Repentigny.  Il entretenait de bonnes relations avec sa voisine Floreen Daigle jusqu'à l'arrivée de son nouveau conjoint Marcel Mailloux.

À partir de 2008, son paysage s'est assombri par la vue régulière de M. Mailloux, 65 ans, vaquant à ses activités à l'intérieur comme à l'extérieur en étant complètement nu. Lorsqu'il n'apparaissait pas dénudé, il était vêtu de sous-vêtement... descendu aux genoux.

M. Gendreau reproche à M. Mailloux de lui faire subir un stress et une perte de la jouissance de son terrain puisqu'il hésite maintenant à recevoir ses petits enfants en bas âge de crainte qu'ils aperçoivent le voisin dans son plus simple appareil.

M. Gendreau s'est donc tourné vers la chambre civile de la Cour du Québec pour obtenir réparation. Il réclamait 54 661,38 $ pour trouble de voisinage.

La conjointe de M. Mailloux, Mme Daigle, a témoigné que ce dernier «est nu du lever au coucher du soleil».  «La nudité a débuté doucement, ça a pris de l'ampleur un peu.  Je n'ai pas pu garder le contrôle là-dessus», a-t-elle déclaré dans son témoignage et qui est résumé dans le jugement rendu en avril dernier et publié cette semaine.

M. Gendreau avait d'abord tenté de régler le conflit en déposant une plainte pour grossière indécence à la police, en 2008. Cela a eu l'effet contraire, puisqu'à partir de ce moment, le septuagénaire a dû subir l'intimidation et le harcèlement de son voisin.

«À de multiples reprises, Mailloux a suivi Gendreau lorsqu'il sortait à l'extérieur ou prenait une marche dans le parc, tout juste à proximité de leurs résidences.  Il prenait des photos de lui et l'injuriait», est-il écrit dans le jugement.

Son stress a augmenté d'un cran lorsqu'un soir, assis tranquillement dans son salon il a aperçu son voisin... dans sa télé!

M. Mailloux était l'invité de l'émission de Denis Lévesque sur les ondes de LCN pour clamer son droit d'agir comme bon lui semblait. L'homme expliquait à l'animateur que «personne, ni aucune loi ne pouvaient l'arrêter et d'ajouter "Si t'es pas d'accord, regarde et sniffe ailleurs!"», peut-on lire dans le document.

Plusieurs voisins ont témoigné et corroboré la version de M. Gendreau. M. Mailloux s'est défendu en affirmant qu'il n'imposait sa nudité à personne. Ce n'est «qu'une nudité fortuite, sans être artistique», lit-on.

La chambre civile a reconnu la responsabilité de M. Mailloux pour trouble de voisinage. Dans son jugement, le juge Denis Le Reste a tenu compte du comportement général de M. Mailloux. «En fait, ce dernier se plaît à provoquer les gens par sa nudité.  Les articles de journaux mis en preuve, sa participation à une émission télévisée, son comportement au procès, ses nombreuses lettres, plaintes et ses multiples agissements sont tous de nature à prouver qu'il ne se préoccupe nullement des autres.  Le fait qu'il leur nuise ainsi par sa nudité ne le dérange nullement.  Il y trouve même un certain plaisir», est-il écrit.

Sa conjointe a également commis une faute en laissant son conjoint agir de la sorte. M. Mailloux devra donc verser 22 000 $ en divers dommages à son voisin.

Mme Daigle devra verser 10 000 $ de son côté.

M. Gendreau n'est pas le premier à se tourner vers la justice concernant M. Mailloux. D'autres voisins ont porté plainte, envoyé des mises en demeure, des policiers ont même enquêté sur son cas. Des accusations d'actions indécentes et de nudité au Code criminel ont été portées contre lui. Acquitté par la cour municipale de Repentigny en 2009, il a toutefois été reconnu coupable en 2010 à la suite d'une autre plainte.

Il avait écopé d'une «sentence suspendue» de deux ans, avec une probation pour la même période. M. Mailloux s'était alors victime «d'une entourloupette judiciaire», indique le jugement de la chambre civile.

M. Gendreau n'a pas souhaité répondre aux questions de La Presse. Il n'a pas été possible de joindre M. Mailloux.