Malgré un «un risque important pour la sécurité du public», «en raison de son état mental», la Commission d'examen des troubles mentaux a consenti à libérer Guy Turcotte, il y a six mois.

«Toutefois, la sécurité du public ne commande pas que l'accusé soit gardé dans un établissement hospitalier, les soins que requiert son état pouvant lui être prodigués en externe. Afin d'assurer la continuité du suivi et d'un encadrement adéquat de l'accusé, l'hôpital désigné sera l'Institut A.»

C'est ce qui ressort des motifs, rendus publics aujourd'hui, de la Commission d'examen des troubles mentaux.

On y apprend aussi que c'est une luxation de cheville qui a freiné la fuite en avant de Guy Turcotte. La perte de mobilité représentait pour lui une «grosse montagne», indique la décision.

Immobilisé de force, Guy Turcotte a commencé à s'investir dans sa thérapie, «avec authenticité», ce qui lui a valu d'être libéré six mois plus tard de l'Institut Philippe-Pinel, en décembre dernier.

De son côté, M. Turcotte souhaitait être libéré inconditionnellement. Le Dr Louis Morissette, qui suit l'accusé depuis sa sortie, recommandait également cette décision. Pourtant, il avait précisé lors des audiences que certains facteurs de risque demeurent liés à sa personnalité, c'est-à-dire des «traits obsessionnels et évitants». Il admet que ces traits ne sont pas résolus et surtout qu'ils sont résistants au changement.

Le Dr Pierre Rochette qui le suivait à l'Institut Philippe-Pinel était d'avis qu'il était prématuré de le libérer inconditionnellement étant donné la gravité des gestes posés et du travail psychothérapeutique qui n'en était qu'à ses débuts.

La Commission note aussi qu'entre juin 2012 et novembre 2012, M. Turcotte avait bénéficié de 80 sorties et qu'elles s'étaient bien déroulées même lorsqu'il était au contact d'enfants.

Au cours de ces sorties, il lui arrivait de se faire reconnaître. «S'il l'était, sa présence ne suscitait pas de réaction hétéro-agressive», signale-t-on dans la décision. Les choses ont toutefois changé après une sortie qui a été médiatisée, le 25 septembre dernier.

À la suite de cet épisode, la fréquence de ses sorties n'a pas augmenté. Il est précisé que M. Turcotte avait alors parlé de son anxiété au Dr Rochette.

La Commission reconnaît que l'accusé reste vulnérable au stress, mais précise que des facteurs de protection «quant au risque de dangerosité» sont en place. Elle cite la présence de membre de la famille, d'amis et de professionnels».

Il est d'ailleurs indiqué dans cette décision que M. Turcotte ne «prend aucune médication et n'en a pas besoin pour gérer son anxiété».

Guy Turcotte a poignardé ses deux enfants à mort en février 2009.

Le drame est survenu dans le contexte d'une séparation d'avec sa conjointe, Isabelle Gaston. Tous deux étaient médecins au même hôpital, à Saint-Jérôme, à ce moment. M. Turcotte était alors soumis à des stress qui dépassaient ses capacités d'adaptation, dit la Commission.

Au terme de son procès, en 2011, M. Turcotte a été déclaré non criminellement responsable des meurtres qu'il a commis, en raison de troubles mentaux.