L'action de 250 000 $ pour harcèlement et atteinte à la réputation intentée par la Dre Marie-Josée Berthiaume contre 12 radiologistes, se retourne contre elle. Dans un jugement étoffé rendu aujourd'hui, c'est plutôt Mme Berthiaume qui est condamnée à dédommager ses anciens collègues.

Le juge Marc-André Blanchard estime que Mme Berthiaume a fait des procédures judiciaires abusives contre ses collègues radiologistes de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Il la condamne à payer différentes sommes à chacun, pour un total, de plus 363 000 $.

«En fait, le procédé s'apparente à une guérilla judiciaire où chaque geste de la partie adverse sert d'outil pour tenter de l'accabler davantage afin d'obtenir de guerre lasse, soit une reddition, soit un règlement plus favorable. Il répugne, cependant, d'avaliser un tel comportement. La bonne foi ne loge pas à telle enseigne», note le juge Marc-André Blanchard, à propos d'un des procédés légaux employés par la Dre Berthiaume.

La SORAD

Le litige a eu lieu à la SORAD, une société en nom collectif qui regroupait les membres du département de radiologie de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Mme Berthiaume s'est jointe à l'équipe en 2004. Son conjoint, le Dr Gaétan Barrette en était déjà membre depuis 1991, et en assurait la présidence depuis l'an 2000.

En mars 2008, le Dr Barrette, qui était devenu aussi président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, a quitté la présidence de la SORAD, lors d'une assemblée houleuse. Lors de cette assemblée, le Dr  Barrette était arrivé en disant «Ma gang de crisses...» Il avait fait mettre à l'ordre du jour une proposition visant à payer du temps supplémentaire à sa conjointe, proposition qui a échoué. Les choses se sont envenimées par la suite. Des frictions et un climat d'inquisition s'est installé.

Le juge a noté que le 14 juillet 2009, Mme Berthiaume avait tenu ces propos à Éric Rousseau, directeur général adjoint de la SORAD. «Ils me font tous chier, je les hais tous, toute la gang. Moi là, Stéphane Carignan qui m'envoie chier en pleine face en réunion puis qui me vole. Puis l'autre, Nicole Gougeon, incompétente, même pas capable de lire une résonnance magnétique comme du monde... Moi là, je suis plus capable de l'avoir à un mètre de moi. Ils me font tous chier. »

À l'époque, plusieurs collègues du Dr Berthiaume exprimaient des malaises face au comportement de cette dernière.  Le 3 septembre, la Dre Berthiaume est avisée des reproches qu'on lui fait. On lui suggère de se retirer volontairement de la SORAD. Mme Berthiaume contacte alors son conjoint, Dr Barrette, et lui dit qu'on l'expulse de la SORAD.

En soirée, le Dr Barrette appelle le chef du département, et menace de «tout faire pour nuire au département.» Il dit aussi qu'il attaquera personnellement tous les associés et menace de les «détruire un à un.»

Le 17 septembre 2009, Mme Berthiaume envoie une mise en demeure à la SORAD, les sommant de tenir une réunion pour confirmer son statut, à défaut de quoi des procédures judiciaires seraient entreprises.

Des procédures ont de fait été entreprises. Mme Berthiaume a poursuivi Stéphane Carignan, Nicole Gougeon, Jocelyn Blais, Pierre Boulianne, Michel Dubé, Michel-Pierre Dufresne, Vagharchag Ehramdjian, Robert Filion, Marc Girard, Thuy Khanh Nguyen, Andrée-Anne Pistono, et Patricia Ugolini. Ces derniers ont fait des demandes reconventionnelles. Le procès a eu lieu l'automne dernier.

En bout de piste, le juge Blanchard condamne Mme Berthiaume à payer 130 000 $ à Andrée-Anne Pistono, et des sommes moindres à tous les autres. Mme Berthiaume est aussi condamnée à payer les dépens.