Juste avant de prendre sa retraite, un conseiller financier de la Banque de Montréal aurait détourné quelque 2,7 millions de la succursale où il travaillait depuis 25 ans, dans le Vieux-Montréal. Bassam Salman, collectionneur de voitures sport, pourrait être retourné dans son pays natal, le Liban.

C'est ce que soutient la Banque de Montréal dans une poursuite en dommages intentée cette semaine au palais de justice de Montréal. L'institution financière, qui qualifie la fraude de «savamment orchestrée», demande au tribunal le droit de saisir les deux résidences de M. Salman, sur la Rive-Sud, ses voitures et les sommes contenues dans ses comptes bancaires.

Le 16 août, Bassam Salman a annoncé à ses supérieurs qu'il prenait sa retraite à la fin du mois de novembre. Deux semaines plus tard, un client new-yorkais s'est présenté à la banque pour acheter des bons du Trésor américains. Pour ce faire, le client a déposé 2,1 millions dans son compte.

La Banque de Montréal soutient que Bassam Salman n'a jamais acheté de bons du Trésor américains. À l'insu du client, il aurait plutôt acquis des certificats de placement. Il aurait par la suite encaissé les fonds avant de les disperser dans différents comptes bancaires de clients résidant en Arabie Saoudite, en France, au Koweït, au Maroc et aux États-Unis.

«Cette dispersion des fonds a été effectuée à l'insu des titulaires des comptes où les fonds étaient détenus et sans aucune autorisation de leur part, écrit l'enquêteur de la Banque de Montréal dans un document remis au tribunal. Dans les faits, j'ignore même si certains titulaires des comptes en question existent véritablement.»

L'enquêteur soupçonne Bassam Salman d'avoir également détourné une autre tranche de 600 000$ déposée par le même client new-yorkais l'été dernier.

À ce jour, la Banque de Montréal a réussi à geler 1,6 million des sommes qui aurait été détournées. Selon l'enquêteur, Bassam Salman aurait utilisé une partie des fonds pour se payer de nouvelles voitures de collection ou pour en restaurer. Il pourrait avoir envoyé sa collection de voitures en Floride à la mi-décembre.

L'enquête se poursuit. «Je soupçonne que le défendeur a pu détourner des montants additionnels importants en utilisant le même stratagème», écrit l'enquêteur, qui entend porter plainte à la police. Bassam Salman ne fait face à aucune accusation criminelle à l'heure actuelle.

Retour au Liban?

Dans les derniers mois, Bassam Salman a dit à ses supérieurs et à ses voisins qu'il retournerait vivre au Liban après sa retraite. Le 28 décembre, il a d'ailleurs changé son lieu de résidence sur sa page Facebook pour la ville d'Aley, au Liban.

«Lors de notre dernière réunion, en décembre, il nous a dit qu'il déménageait au Liban», a indiqué le président du club Passion Corvette, Patrick Messier. Bassam Salman, qui était membre du club, possédait au moins cinq Corvette et d'autres voitures sport.

Ses voisins ont confirmé à La Presse qu'il possédait de nombreuses voitures de collection, dont des Mustang. Selon eux, il a déménagé à la fin du mois de décembre. Sa maison, évaluée à 370 000$, est à vendre.

Bassam Salman loue son autre résidence, à Saint-Hubert, évaluée à 218 000$. Le locataire, Dwade Bagnato, s'est dit surpris que son propriétaire, un homme «fiable» et «poli», soit ainsi poursuivi. «C'est sans doute pour ça qu'il voulait nous vendre la maison», a-t-il dit.

La Banque de Montréal s'est refusée à tout commentaire.

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

Les deux maisons de l'accusé ont été saisies par la Banque dont sa résidence principale de Brossard.