Le fils et agent officiel du maire de Saint-Constant vient d'être reconnu coupable de fraude électorale, alors que l'UPAC et le Directeur général des élections (DGE) enquêtent sur le financement de leur parti politique.

Au cours d'une élection municipale partielle, en 2008, Danny Pepin a procédé à une opération ressemblant étrangement à une tentative de blanchiment d'argent, selon la décision de justice datée de mercredi et obtenue par La Presse. Danny Pepin a remboursé en argent comptant une contribution politique de 800$ faite par chèque immédiatement après l'avoir reçue. Il aurait aussi demandé d'éviter que l'argent comptant soit déposé trop rapidement dans une banque.

«Le tribunal ne croit pas le défendeur [Danny Pepin] lorsqu'il nie l'infraction», affirme la décision.

Lors des événements, il faisait partie de l'état-major du parti de son père, Gilles Pepin. C'est ce dernier qui a remporté la mairie et qui dirige Saint-Constant depuis.

L'accusé a perdu le droit de voter et de faire du travail politique pendant cinq ans, en plus de devoir payer une amende de 1000$.

Huit billets de 100$

C'est le témoignage «très crédible» de l'émettrice du chèque de 800$, l'ex-députée bloquiste Denise Poirier-Rivard, qui a convaincu le juge Marc Renaud de condamner l'accusé.

La politicienne était conseillère municipale affiliée au parti de M. Pepin, avant de retourner sa veste et de tirer la sonnette d'alarme. Avec 15 autres anciens partisans de la formation politique, elle a porté plainte au DGE à la fin de 2011, accusant les Pepin d'avoir camouflé des entrées d'argent occultes avec de fausses activités de financement.

Son conjoint, présent lors de l'échange, a aussi témoigné.

«Il a sorti de l'argent de sa poche, puis il a compté 800 piastres, a relaté Jean-Paul Rivard. Sur le coup, là, j'ai même pas pensé que je faisais un mouvement comme de blanchir de l'argent. Il nous a amené ça tellement bien!»

Danny Pepin avait plaidé que Mme Poirier-Savard devait donner au parti dont elle était une «candidate-vedette» pour sauver les apparences vis-à-vis des autres candidats, qui avaient fait un effort financier personnel.

Au tribunal, il a affirmé que c'était le couple qui lui avait offert une enveloppe brune remplie d'argent comptant. Le juge ne l'a pas cru.

La mairie dans l'embarras

Ce n'est pas la première fois que le maire de Saint-Constant se retrouve dans l'embarras. En 2007, la justice avait annulé l'élection qu'il venait de remporter à cause de dépenses électorales trop élevées.

En février dernier, l'Unité permanente anticorruption (UPAC) a perquisitionné à l'hôtel de ville de Saint-Constant ainsi que dans les résidences et un commerce des Pepin.

Hier après-midi, personne n'a répondu à l'appel de La Presse à l'hôtel de ville de Saint-Constant.