Pour la forcer à avouer qu'elle avait fréquenté un autre homme avant de l'épouser, 10 ans auparavant, un homme d'origine marocaine a torturé sa femme pendant près de trois mois à Montréal, en 2011.

Attachée au lit par les mains et les pieds, la femme a été brûlée sur différentes parties du corps avec un poêlon brûlant. Son mari a entré une tige brûlante dans ses parties intimes. En d'autres occasions, il l'a piquée en différents endroits avec un couteau et avec une fourchette.

Il lui a donné des claques, des coups de poing et de pied, un coup d'assiette sur le nez, lui a arraché des cheveux et donné des coups à la gorge pour la faire taire quand elle criait de douleur. Il menaçait souvent de la tuer, elle et leurs enfants.

La femme a finalement porté plainte à la police, le 22 octobre 2011.

C'est ce que madame a raconté, hier en Cour du Québec, pendant les plaidoiries sur la peine à imposer à son mari. L'homme de 39 ans, dont nous devons taire l'identité pour protéger celle de sa victime, a plaidé coupable à des accusations de menaces de mort, de voie de fait grave et d'agression sexuelle ayant causé des lésions.

Les avocats, Me Sylvie Lemieux pour la Couronne et Me Alexandre Bergevin en défense, ne s'entendent pas sur la peine qui doit échoir à l'accusé.

Clémence

Malgré les sévices endurés et le fait qu'elle a entamé un processus de divorce, la femme demande la clémence.

«Les enfants réclament leur père chaque soir», a-t-elle dit. Mais il y a aussi la pression de la famille. Les pères de l'homme et de la femme sont cousins, et leur famille est très soudée. Elle a indiqué qu'il ne s'agissait toutefois «pas d'un mariage arrangé». Ils se sont épousés par amour.

Ils sont tous les deux éduqués et sont allés à l'université au Maroc. Ils se sont installés au Québec en 2005. Leur union a été formidable, jusqu'à ce fameux été 2011. Cet été-là, ils sont allés en vacances au Maroc avec leurs enfants.

Au retour, l'homme a commencé à harceler sa femme. Il avait entendu des rumeurs selon lesquelles, vers l'âge de 16 ans, «elle avait été avec un autre homme». Ce que madame a nié et nie toujours aujourd'hui.

«Pourquoi tu ne dis pas la vérité?», répétait l'homme. L'époux parfait est devenu de plus en plus violent.

Il y a eu une gradation, a expliqué la femme.

Des brûlures au troisième degré

Hier, un médecin de l'Hôpital général de Montréal a confirmé le piètre état de la femme lorsque les policiers l'ont amenée à l'hôpital, le 22 octobre 2011. Elle avait des brûlures aux parties génitales, des brûlures au troisième degré à différents endroits du corps, de grosses ecchymoses, des coupures. Elle était extrêmement maigre et anémique. Son mari avait menacé de la brûler à l'abdomen jusqu'à voir ses intestins, a relaté le médecin.

Des amis de l'homme ont témoigné en faveur de l'accusé. Ils ont été très surpris en apprenant cette affaire, car il s'agit d'une «famille exemplaire» et monsieur est «un progressiste qui se désintéresse des traditions». Au Maroc, ce n'est pas comme ici, même si les choses évoluent, a relaté un témoin. Une fille doit garder sa virginité jusqu'au mariage, sinon cela fait perdre l'honneur de la famille.

Les plaidoiries sur la peine se poursuivront le 1er mars devant le juge Claude Parent. En attendant, l'accusé reste détenu.