Son manque d'empressement à effacer ses tatouages des Hells Angels et une histoire nébuleuse de moto empruntée à on ne sait qui ont coûté cher à Jacques Pelletier, qui s'est présenté jeudi devant les commissaires aux libérations conditionnelles pour la deuxième fois en neuf mois.

En février dernier, l'homme de 57 ans s'était montré suffisamment convaincant pour que les commissaires lui accordent une liberté partielle, à raison de cinq jours chez lui et deux nuits en maison de transition. Hier, l'ancien membre des Hells de Lennoxville, condamné à la prison à vie pour la célèbre tuerie de mars 1985, demandait une libération conditionnelle totale. Mais il s'est heurté au refus des commissaires Michel Lafrenière et Jean-Claude Boyer -ce dernier, ancien procureur de la Couronne, a souvent travaillé à des causes impliquant des motards.

Les deux commissaires lui ont notamment demandé pourquoi, six ans après avoir dit qu'il avait quitté les Hells Angels et qu'il ferait effacer ses tatouages, il ne l'avait toujours pas fait. «J'en ai enlevé quelques-uns. Mais ça coûte cher et je n'ai pas le temps. J'ai d'autres priorités. Mes tatouages ne jouent pas en ma défaveur. Ils ne m'empêchent pas de me trouver une job», a-t-il dit, une réponse qui a fait sourciller les commissaires.

Mystérieuse moto

Avant que sa libération conditionnelle soit révoquée, à l'été 2011, Jacques Pelletier a été pris en train de conduire une moto alors que cela lui était interdit. Il s'est défendu en disant qu'il croyait que ses conditions l'empêchaient d'en acheter une, et non pas d'en chevaucher une. Mais au-delà d'un possible malentendu, les autorités n'ont jamais su à qui appartenait la moto. «À l'ami d'un membre (des Hells Angels)», a dit Pelletier, sans nommer personne.

La moto en question n'a jamais été retrouvée et les autorités n'ont jamais su le fond de l'histoire. «Vous avez empiré votre situation par un choix nébuleux qui porte ombrage à votre dossier», a lancé Michel Lafrenière à un Jacques Pelletier un peu penaud.

«Ce manque de transparence» inquiète les commissaires, qui croient que les fréquentations du détenu constituent le principal risque qu'il retombe dans les valeurs criminelles. Pour cette raison, ils ont décidé de prolonger sa semi-liberté pour une période de six mois, selon les mêmes conditions, en disant souhaiter que Pelletier se montrera plus ouvert et loquace avec ses agents de libération.