Après des mois d'exaspération, les juges du Tribunal administratif du Québec (TAQ) ont posé un ultimatum à leur dirigeante, il y a 10 jours, au cours d'une rencontre tendue, a appris La Presse.



On a notamment reproché à Hélène de Kovachich, juge en chef du TAQ depuis quatre ans, de monopoliser d'importantes ressources du tribunal et d'avoir un style de gestion belliqueux. La juge en chef serait aussi incapable d'offrir à ses collègues le minimum requis pour accomplir leur travail de façon acceptable, selon leurs critiques.

La rencontre a eu lieu à Montréal le 9 novembre dernier.

Les juges ont demandé «des changements profonds dans la façon dont [le TAQ] est administré», faute quoi des gestes seront faits, a résumé une source de La Presse. Ils ont notamment exprimé leur vive frustration devant ce qu'ils appellent l'«incapacité à gérer autrement que par la menace» d'Hélène de Kovachich.

L'atmosphère de la rencontre était à couper au couteau, selon ce qui en a filtré.

Joint au téléphone hier, le conjoint de Mme de Kovachich, Pierre Marc Johnson, a fait valoir qu'elle ne pouvait donner d'entrevues aux médias en raison de la nature de son poste.

Le cabinet du ministre de la Justice n'a pas rappelé La Presse.

Liens avec les libéraux

Le mandat d'Hélène de Kovachich a été renouvelé quelques semaines seulement avant la dernière campagne électorale. Le Conseil des ministres a pris cette décision presque un an avant la fin de son mandat de cinq ans, prévue au printemps 2013.

La juge en chef du TAQ est proche des cercles libéraux et a notamment siégé à l'association libérale locale de Westmount en 2004. Selon des reportages de cette époque, elle avait été pressentie pour être candidate aux côtés de Jean Charest. Son conjoint et elle ont assisté au mariage de la fille de l'ancien premier ministre, l'été dernier, en France.

Impatience grandissante

C'est loin d'être la première fois que les juges du TAQ montrent des signes d'impatience.

En mai dernier, ils ont débrayé pendant quelques heures afin de participer à une «journée d'étude» à Québec. Leurs revendications salariales étaient alors au coeur du mécontentement. Il s'agissait d'une action inusitée pour des juges, habitués à la discrétion et au respect des institutions.

Deux semaines auparavant, 9 des 10 magistrats qui exerçaient des fonctions de «juges coordonnateurs» au TAQ ont démissionné le même jour pour montrer leur frustration. Les membres de différents comités de travail sont aussi partis en bloc.

À la fin du mois de mai, le vérificateur général du Québec a souligné dans son rapport que la performance du TAQ «s'est détériorée au cours des dernières années et [que] ses systèmes de gestion ne favorisent pas l'efficience».

Un tribunal d'appel

Peu connu, le TAQ est chargé de réviser les décisions d'une multitude de ministères et d'agences gouvernementales provinciaux, comme la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ). Ses décisions sont sans appel.