Déjà ciblé par une enquête policière sur le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) qu'il dirigeait, le Dr Arthur Porter est maintenant poursuivi par l'Université elle-même, qui soutient qu'il l'a flouée de 317 000 $.

L'université a intenté une poursuite en Cour supérieure récemment, dans l'espoir de récupérer le solde d'un prêt qu'elle a consenti au Dr Porter ainsi que le salaire qu'elle lui a versé par erreur, plusieurs mois après qu'il eut démissionné.

En 2008, quelques années après qu'il eut pris les commandes du CUSM, le Dr Porter a obtenu de McGill un prêt hypothécaire d'un demi-million de dollars à 1 % d'intérêt, garanti par un de ses luxueux appartements du centre-ville de Montréal.

La propriété a été vendue 450 000 $ en avril dernier, mais, selon l'Université, Porter doit toujours 285 000$. Le mois dernier, l'établissement lui a envoyé une demande de paiement à trois de ses adresses courriel ainsi qu'à un de ses avocats en Sierra Leone, sans succès.

Salaire versé par erreur

Parallèlement, l'Université explique dans sa poursuite qu'elle a versé par erreur un salaire à Arthur Porter de mai à septembre, alors qu'il avait démissionné du CUSM depuis décembre 2011. Lorsqu'il dirigeait le centre hospitalier, Porter enseignait aussi à la faculté de médecine.

Ce salaire de 50 000$, moins l'impôt et les retenues à la source, a entraîné des dépôts nets de 30 000$ dans le compte d'Arthur Porter. Un remboursement lui a été demandé le mois dernier.

Le médecin, qui dirige aujourd'hui plusieurs centres anticancer dans des paradis fiscaux des Caraïbes, a d'abord promis qu'il paierait sous peu, dès qu'il serait de retour en Sierra Leone, son pays natal.

Puis, le 23 octobre, il a envoyé un courriel au vice-principal adjoint responsable des finances à l'Université. «Malheureusement, je ne me suis pas rendu en SL comme je l'avais prévu la semaine dernière», écrit-il en parlant de la Sierra Leone.

Dans le courriel consulté par La Presse, il promet ensuite de faire le paiement bientôt à partir d'une des compagnies africaines de sa famille.

«Le paiement n'a pas été fait et plus aucune communication subséquente n'a été reçue du Dr Porter», écrit l'université dans sa poursuite.

Joint par téléphone ce matin, le service des communications de l'Université McGill n'était pas au courant de la poursuite, intentée le 9 novembre.

Nombreuses controverses

Au mois de septembre, dans le cadre d'une enquête sur le Dr Porter, La Presse avait questionné l'Université sur le prêt de 500 000$ qu'il n'avait toujours pas fini de rembourser.

Un porte-parole avait assuré que l'établissement était «en discussion» avec le Dr Porter à ce sujet et que rien n'indiquait qu'il ne paierait pas.

Rappelons que, le 1er octobre, La Presse a révélé que des dirigeants de SNC-Lavalin étaient soupçonnés d'avoir fait des paiements douteux de 22 millions pour mettre la main sur le contrat du Centre universitaire de santé McGill. La police tente de déterminer le rôle d'Arthur Porter dans cette affaire à titre de directeur général de l'établissement.

Une enquête de La Presse avait aussi révélé qu'il a utilisé les ressources du système de santé pour ses intérêts personnels.

Au nom du CUSM, il s'était aussi engagé à garantir les centaines de milliers de dollars promis à son ancien bras droit lorsqu'il était devenu consultant médical pour une compagnie privée. Le centre hospitalier refuse aujourd'hui d'acquitter la facture et l'affaire est devant les tribunaux.

Le Dr Porter est aussi mêlé à une controverse aux îles Turks et Caicos, où une entente de partenariat que lui et ses associés ont conclu avec l'État dans le secteur de la santé a été comparé à un «énorme et complexe stratagème frauduleux» par certains politiciens locaux.