Giuseppe De Vito n'est plus détenu en isolement. Alors que le mafioso de 46 ans comparaissait devant la Cour supérieure jeudi, à Montréal, pour débattre d'une requête visant à faire modifier ses conditions de détention, on a appris qu'il se trouvait maintenant avec la population générale au pénitencier à sécurité maximum de Donnacona, et ce, depuis le 19 septembre.

Condamné à 15 ans de prison pour complot en vue d'importer de la cocaïne, De Vito a d'abord été détenu au Centre régional de réception de Sainte-Anne-des-Plaines, le temps qu'on lui trouve un pénitencier. C'est là que, de la fin juin à septembre, il a été maintenu en isolement. Fâché par cette situation, il a présenté une requête en habeas corpus en Cour supérieure pour retourner avec la population carcérale générale. Mais comme il a changé d'établissement depuis, le juge Michael Stober a déclaré hier que sa requête était sans objet.

L'avocate de De Vito, Me Sylvie Bordelais, estime pourtant que le problème n'est pas réglé puisque son client a passé quatre jours en isolement à Donnacona du 3 au 7 octobre derniers, sans savoir pourquoi. Elle veut connaître les motifs pour lesquels son client a été placé en isolement et pourrait encore l'être à tout moment.

«¿C'est une épée de Damoclès au dessus de la tête de M. De Vito. Est-ce que je devrai présenter une requête en habeas corpus devant la Cour supérieure chaque fois qu'il sera envoyé en isolement¿?¿», a-t-elle demandé au juge Stober.

Ce dernier l'a invitée à discuter avec son homologue de la Couronne fédérale pour obtenir les motifs, ajoutant qu'elle pourra ensuite s'adresser à la Cour fédérale, le cas échéant.

Un dissident

Dans des documents qui accompagnent la requête de De Vito, on apprend que la police le considère comme formellement dissocié du clan Rizzuto et qu'il est même en conflit avec des membres de celui-ci. «Sa sécurité serait compromise par le clan adverse et lui-même compromettrait la sécurité de membres du clan Rizzuto. Ils nous est impossible dans un établissement comme le Centre Régional de Réception, où chaque jour de nouveaux détenus sont admis, d'assurer, en pavillon, la sécurité du détenu De Vito», peut-on lire dans les documents.

De Vito, qui est surnommé Ponytail en raison de ses longs cheveux, qu'il porte toujours en queue de cheval, a été condamné à 15 ans de prison en juin dernier à la suite de l'enquête Colisée. Il n'a été arrêté qu'en 2010, alors que la police le recherchait depuis quatre ans. Durant sa fuite, ses deux filles ont été tuées, présumément par leur mère, Adèle Sorella.

De Vito tient ceux qui ont pris la relève du parrain déchu Vito Rizzuto responsables de la mort de ses filles. Il s'est fait tatouer sur le corps leur prénom et la date de l'opération Colisée.