Des familles de personnes décédées lors d'opérations policières qui ne décolèrent pas lancent un appel à la manifestation lundi soir prochain.

La coalition Justice pour les victimes de bavure policière se fera entendre lundi en début de soirée devant les locaux de la Fraternité des policiers et policières de Montréal.

Dans une conférence, les proches de quelques défunts ont témoigné de leur indignation qui ne faiblit pas même des années après la perte de ceux qu'ils aimaient.

Les principales récriminations demeurent les mêmes. On s'en prend à la transparence des policiers, quand ils enquêtent eux-mêmes sur lesdécès survenus aux mains d'autres policiers. Et on remet en question la formation et la capacité des agents à agir avec la diplomatie nécessaire auprès de gens fragiles et en détresse. Comme Jean-François Nadreau.

En février dernier, la police a été appelée dans un appartement d'Hochelaga-Maisonneuve. L'homme était en crise, commençait à s'infliger des blessures et sa copine craignait qu'il n'attente à ses jours.

«Quand la police est arrivée, ils étaient cinq agents en position d'attaque. Comment pensent-ils que ça va faire baisser la tension, s'ils sont déjà en position d'attaque avec une personne en choc nerveux ? C'est sûr qu'ils vont rendre la personne plus nerveuse ! Il n'y a eu aucun dialogue et paf ! Pour eux la vie continue, pour nous, elle ne continue pas», déplore Josiane Millette, la conjointe de Jean-François Nadreau.

Selon l'enquête, menée par la Sûreté du Québec, M. Nadreau aurait foncé sur les agents avec une machette. Ceux-ci auraient tiré sur l'homme, au niveau du thorax.

«Dans une opération comme ça, il devrait y avoir un psychologue, avec la police», croit-elle.

«Les policiers sont formés en tant que force répressive, pour arrêter des gens. Je m'attendrais à ce que le gouvernement se penche sur la question, revoit les protocoles d'intervention, la formation des policiers. Sont-ils sont aptes à intervenir avec des gens en difficulté ?», questionne Sébastien Nadreau, le frère du défunt.

La mère de Freddy Villanueva est aussi venue rappeler sa douleur depuis la perte de son fils, abattu par le policier Jean-Loup Lapointe dans un parc de Montréal-Nord en août 2008.

«Les années passent, mais la douleur reste. Peut-être que s'il y a justice, je pourrai assimiler la mort de Freddy», a indiqué Lilian Madrid, souhaitant voir l'agent Lapointe être démis de ses fonctions.

Bridget Tolley est venue ajouter sa peine au concert. Sa mère Gladys a été happée par un véhicule de la SQ en 2001 sur la réserve Kitigan Zibi, près de Maniwaki. Elle rejette la version policière selon laquelle sa mère, ivre, aurait couru à sa perte. Elle note que le jour de l'événement, le policier chargé de garder la scène en attendant les enquêteurs du SPVM qui sont arrivés huit heures plus tard, était le frère de celui qui conduisait la voiture. Un «conflit d'intérêts clair», selon elle.

Le 22 octobre est aussi jour de protestation contre la brutalité policière aux États-Unis, d'où le choix de la date de lundi. On promet une vigile familiale et paisible.