Il ne restera bientôt presque plus d'enquêteurs-analystes issus de l'Unité anticollusion à l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Quatre des sept membres que comptait encore cette équipe recrutée à l'origine par Jacques Duchesneau quitteront leur poste à la fin du mois, a appris La Presse.

Les contrats de ces quatre enquêteurs retraités de différents corps de police, dont la Sûreté du Québec (SQ), arrivent à échéance dans les jours qui viennent et ne seront pas renouvelés. Les personnes concernées ont été avisées. Certains d'entre eux ont enquêté sur le dossier de Laval.

Questionnée à ce sujet, la porte-parole de l'Unité permanente anticorruption, Anne-Frédérick Laurence, a reconnu que des contrats arrivaient à échéance, mais elle a refusé de confirmer que les enquêteurs feront bientôt leurs cartons. «On ne commencera pas à discuter de contrats sur la place publique», a-t-elle déclaré.

Selon ce qu'a appris La Presse, les enquêteurs seront remplacés par des fonctionnaires recrutés par concours.

Le sort des enquêteurs et analystes embauchés à l'hiver 2010 par Jacques Duchesneau, à la suite de la création de l'Unité anticollision du ministère des Transports, a été la source de controverses à plusieurs reprises depuis leur intégration à l'UPAC. Leur nombre n'a cessé de fondre.

En novembre 2011, le chef des enquêtes, ex-commandant de l'escouade antigang du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), avait démissionné subitement, invoquant un besoin urgent de savourer une retraite en Floride. Il était alors le troisième enquêteur à claquer la porte en peu de temps.

À l'époque, certaines sources avaient déploré le climat de travail délétère, les conflits internes et les nombreux dysfonctionnements qui accablaient cette jeune structure dirigée par Robert Lafrenière.

La plus grosse crise est survenue en septembre 2011. À l'époque, La Presse avait révélé que les trois quarts des 15 enquêteurs de l'Unité anticollusion avaient été avertis qu'ils ne survivraient pas à l'intégration de leur équipe à l'UPAC. La raison invoquée était que ces enquêteurs n'avaient pas passé l'examen d'embauche obligatoire pour les organismes gouvernementaux comme l'UPAC, et ce, même s'ils étaient d'ex-policiers de la SQ, du SPVM et de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Alors présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne s'était rapidement emparée du dossier. Elle avait déclaré qu'elle discuterait avec Robert Dutil (ministre de la Sécurité publique) et Robert Lafrenière (patron de l'UPAC) «pour les assurer que nous allons déployer toute la flexibilité requise pour que ces gens-là puissent travailler sans se soucier de ces tracasseries administratives et qu'ils aient le statut qu'ils désirent avoir. C'est vrai que ces gens-là ont une expertise. Il faut qu'on soit capable de la maintenir», avait-elle dit.