Atteinte de sclérose en plaques, une femme a été sauvagement agressée sexuellement et malmenée par son voisin, un délinquant sexuel récidiviste, le 20 mars 2011. Hier, après avoir livré un touchant témoignage sur les conséquences que cette agression a eues pour elle, la femme de 59 ans a dit souhaiter le meilleur pour son agresseur. Et elle a demandé de l'aide pour qu'il ne fasse plus de mal à personne.

«Je souhaite le meilleur pour qu'il n'y ait pas une sixième victime. Nous avons tous en nous le pouvoir d'être heureux», a dit la femme d'une voix douce, alors qu'elle s'adressait à la juge Nathalie Fafard. Dans le box, l'accusé, Pierre Lavoie, avait la tête basse et s'est essuyé les yeux à un certain moment.

L'homme de 56 ans a plaidé coupable en janvier dernier à une accusation d'agression sexuelle ayant causé des lésions. Il résidait dans le même immeuble que la victime. Le soir du 20 mars 2011, il est allé la voir et a demandé à visiter son logement parce qu'un ami à lui en cherchait un semblable. Au terme de la visite, il a demandé un baiser à madame, qui a refusé. Il l'a alors couchée brutalement sur le plancher et lui a enfoncé sa main dans la bouche pour étouffer ses cris. Ce faisant, il lui a coupé le filet de la langue. Il l'a pénétrée avec ses doigts et lui a demandé une fellation. La femme a tenté de l'assommer avec un cadre tombé du mur, sans succès. Elle s'est alors mise à prier. Cela a surpris Lavoie, qui s'est mis à pleurer et l'a lâchée. Il a appelé le 911 et s'est livré.

Blessures et cauchemars

Hier, la victime a raconté qu'elle avait souffert des maux de tête et de dos parce qu'elle avait reçu un coup de poing au front lors de l'agression. Elle a dû avoir des points de suture à la langue. Dans les mois qui ont suivi, elle a fait une infection aux poumons liée à sa maladie, mais peut-être aussi à l'agression. Elle a également pris des médicaments contre le sida. Madame a de maigres moyens, environ 13 500$ par année. Malgré tout, comme elle avait trop peur de rester dans son logement, elle a déménagé. Elle est restée avec des peurs et fait encore des cauchemars.

En ce qui concerne l'accusé, il a été condamné à d'importantes peines de prison pour des délits sexuels par le passé: deux ans moins un jour en 1985, six ans en 1991 et huit ans en 1995. Il était en liberté depuis 2003.

Hier, la procureure de la Couronne, Me Rachelle Pitre, a demandé que M. Lavoie soit déclaré délinquant dangereux. L'accusé n'a pas contesté cette demande. Me Pitre et l'avocat de la défense, Me Marc Labelle, ont suggéré une peine de 12 ans. La juge Fafard rendra sa décision le 18 octobre.