Après leur fuite, d'anciens adeptes du rebirth ont informé la police de Montréal et la Sûreté du Québec des agissements de Jean-Claude Gallant.

Plusieurs mois plus tard, ce dernier continue de recruter de nouveaux membres, sans avoir été arrêté. Et la majorité des anciens adeptes n'a toujours pas été interrogée à son sujet.

«Quand j'ai porté plainte, les policiers n'en revenaient pas. Mais ils ne savaient pas quoi faire, parce que ce n'est pas comme si j'avais été attachée, violée, ou forcée de faire des chèques», rapporte une ancienne fidèle.

La situation lui rappelle celle de cette jeune femme, morte à la suite d'un exercice de sudation extrême après avoir versé des milliers de dollars à un autre groupe d'épanouissement personnel. «La femme qui le dirige a continué après. Ces gens sont libres de faire ce qu'ils veulent, c'est terrible!»

En août dernier, un an après les événements (et après leur récit pétrifiant à Radio-Canada), Québec a enfin déposé des accusations de négligence criminelle contre Gabrielle Fréchette. Mais lorsqu'un groupe n'est pas associé à une mort, les poursuites sont presque impossibles.

Choquée par les meurtres et suicides organisés par l'Ordre du temple solaire, la France est plus féroce. Depuis 2001, une loi (About-Picard) punit l'exercice de «pressions réitérées» ou l'emploi de «techniques propres à altérer le jugement» d'une «personne en état de sujétion psychologique». Lorsque l'infraction est commise par le dirigeant d'un groupe, celui-ci risque cinq ans de prison. Un service d'enquête spécialisé assiste les procureurs.

En dix ans, cinq gourous ont déjà été condamnés, et des dizaines de causes sont en cour d'instance. Parmi les condamnés, on compte Robert Lê Dinh, dit Tang, qui a eu des relations sexuelles avec plusieurs fidèles, dont l'une a été sa maîtresse pendant 22 ans. En 2010, le jury a reconnu que les victimes du gourou étaient sous son emprise mentale; elles n'étaient donc pas libres. Cela a permis de le condamner à 15 ans de prison pour viol.