Après son arrestation pour avoir apparemment agressé sa fille au couteau, le matin du 13 juin 2010, Johra Kaleki a dit: «C'est ma fille, je peux faire ce que je veux.»

C'est ce que le policier Serge Martel, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), a raconté lundi au cours de son témoignage au procès de Johra Kaleki.

La femme de 40 ans, d'origine afghane, est accusée de tentative de meurtre, voie de fait avec lésion et voie de fait armée sur sa fille de 21 ans, Bahar Ebrahimi. Mme Kaleki aurait agi ainsi parce que sa fille, qui avait 19 ans à l'époque, avait découché.

L'agent Martel a témoigné dans le cadre d'un voir-dire visant à déterminer si les déclarations incriminantes que l'accusée a faites le jour de son arrestation sont admissibles en preuve. La Couronne prétend que oui, tandis que la défense soutient que Mme Kaleki était trop perturbée mentalement. Me Isabel Schurman compte faire entendre un psychiatre à ce sujet, vers la fin de la semaine.

La relation mère-fille semble s'être grandement améliorée. Hier matin, Mme Kaleki, qui a été mise en liberté en attendant son procès, était assise avec sa fille, la victime alléguée, dans la salle d'audience. La jeune femme a cependant quitté la salle un peu plus tard en matinée, avec la permission du juge Yves Paradis, pour se rendre à ses cours.

Attaque au couteau

L'agent Martel, affecté au centre opérationnel ouest du SPVM, a expliqué qu'il s'est rendu au 415, rue Louise-Lamy, à Dorval, le matin du 13 juin 2010, pour une «dame victime d'une attaque au couteau». Il allait aider des policiers déjà sur place. En entrant, il a aperçu du sang sur le mur d'un corridor et sur le plancher. Trois policiers étaient en train de maîtriser Mme Kaleki, sur la mezzanine, à l'étage. Le mari de Mme Kaleki et une petite fille se trouvaient dans le salon. Il y avait beaucoup de cris à l'étage, qui provenaient de Mme Kaleki. Elle aurait notamment crié: «Laissez-moi finir le travail.»

La victime se trouvait apparemment dans une petite salle de bains. C'est elle qui avait appelé le 911. Peu après l'arrivée de M. Martel, des policiers sont descendus avec Mme Kaleki, qui avait les pieds et les mains menottés. Le policier Martel a pris Mme Kaleki en charge pour l'escorter jusqu'à sa voiture de patrouille. C'est en sortant de la maison que Mme Kaleki aurait lancé, d'un ton «direct»: «C'est ma fille, je peux faire ce que je veux.» Dans la voiture de patrouille, l'agent a voulu savoir si Mme Kaleki était malade et si elle prenait des médicaments. Elle a répondu par la négative.

Mme Kaleki a été amenée au centre opérationnel ouest. Comme elle avait une blessure aux bras, les policiers ont demandé une ambulance, et elle a plutôt été transportée à l'Hôpital général juif. Sur place, elle aurait confié au médecin qu'elle avait «de la difficulté avec sa fille et qu'elle ne regrettait pas ce qu'elle avait fait».

Arrêtée vers 8h30, Mme Kaleki a pu joindre un avocat seulement à son retour de l'hôpital, vers 15h30. L'avocate de la défense a abondamment questionné le policier à ce sujet. Me Schurman cherche manifestement à savoir si les droits constitutionnels de l'accusée ont été rigoureusement respectés. Le procès se poursuit mardi.