La police et les victimes profitent en partie de l'argent récolté par le Bureau de lutte aux produits de la criminalité. Douce revanche?

«On ne voit pas les choses ainsi, mais c'est effectivement une façon d'aider les victimes en première ligne, sans passer par les contribuables», résume Jenny Charest, directrice générale du Centre d'aide aux victimes d'actes criminels (CAVAC) de Montréal.

Ce centre d'aide et les autres répartis un peu partout dans la province se partagent chaque année environ 1,5 million de dollars. Cet argent provient du Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels, financé en partie par l'argent recueilli par le BLPC. «Grâce à cette aide financière, nous sommes en mesure d'offrir plusieurs services, comme du soutien psychosocial et judiciaire», résume Mme Charest.

Collaboration

Quelques corps policiers reçoivent aussi chaque année une fraction de l'argent recouvré par l'équipe du BLPC.

«La pierre angulaire de notre réussite, c'est la collaboration avec l'équipe du BLPC», lance d'emblée le lieutenant Guy Lapointe, de la Sûreté du Québec.

Le corps provincial a parallèlement acquis sa propre expertise dans ce domaine, avec la création il y a quelques années du Service des enquêtes sur l'intégrité financière. «Des membres de cette escouade examinent les produits de la criminalité dès qu'une enquête se met en branle», assure le lieutenant Lapointe.

La SQ a aussi formé à ce jour 500 policiers en la matière. «Si un agent arrête un multirécidiviste de l'alcool au volant, il sait maintenant qu'il peut saisir son véhicule, considéré comme un bien qui a servi à commettre une infraction», souligne le lieutenant Lapointe.

D'avril 2011 à avril 2012, la SQ a saisi 212 véhicules, 10 motos, 6 remorques, 29 immeubles et terrains, sans compter l'équipement servant aux serres hydroponiques. «Notre but est de frapper les organisations là où ça fait mal», résume le lieutenant Lapointe.

Dans un reportage publié dans nos pages il y a quelques semaines, un commandant du Service de police de la Ville de Montréal rapportait pour sa part avoir saisi l'an dernier pour plusieurs millions de dollars de biens (immeubles, maisons, argent liquide et autres) dans des rafles liées aux plantations de marijuana.

102 296 994$

Somme recouvrée depuis 1999 par le Bureau de lutte aux produits de la criminalité.

Le bateau du voisin

Les procureurs invitent la population à dénoncer les voisins qui possèdent de beaux bateaux, des voitures et une maison immense sans avoir l'air de travailler. L'appel semble avoir déjà été entendu puisque les récents succès du BLPC reposent en partie sur des dénonciations. «La meilleure façon de les arrêter est de prendre leurs biens. Il n'y a pas de meilleur message à envoyer au public», insiste Me Lessard, pour qui une telle arme fait contrepoids au désabusement de la population vis-à-vis du système judiciaire.

Argent du crime récupéré

2005 5,28 millions

2006 10,17 millions

2007 8,36 millions

2008 9,53 millions

2009 10,24 millions

2010 8,44 millions

2011 10,90 millions