Un petit garçon de 5 ans était toujours entre la vie et la mort, mercredi soir, après avoir séjourné sous l'eau de six à huit minutes hier matin à la plage Jean-Drapeau.

Vers 10h45 hier, un groupe de 64 enfants d'un camp de jour s'ébattait dans l'une des cinq sections du plan d'eau, sous la surveillance de 21 accompagnateurs. Un sauveteur du parc était aussi affecté à la surveillance de cette section.

À un certain moment, les moniteurs se sont rendu compte qu'un garçon de 5 ans manquait à l'appel. Ils l'ont trouvé inconscient, sous l'eau, au bout de six à huit minutes.

«Les sauveteurs ont pratiqué les manoeuvres de réanimation et ont même eu recours à un défibrillateur», a relaté l'agent Danny Richer, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Les ambulanciers ont ensuite pris le relais.

«J'ai vu les sauveteurs, puis les ambulanciers et les pompiers faire des manoeuvres pendant 20 bonnes minutes. Lorsqu'ils ont placé l'enfant sur la civière, il était tout blanc et ne bougeait pas du tout», a raconté Kelly Jones, qui se baignait avec ses amis.

Quand les ambulanciers d'Urgences-santé ont transporté l'enfant, ils ne détectaient chez lui aucun signe vital.

«Dans l'ambulance, nous avons réussi à avoir un pouls. Il l'a reperdu, mais à l'hôpital, on l'a retrouvé. Les 24 prochaines heures seront déterminantes, mais pour l'instant, on a des signes qui permettent d'espérer», a dit Bob Lamle, chef de division à Urgences-santé.

Arrivé à 11h25 à l'Hôpital de Montréal pour enfants, il a été conduit aux soins intensifs, où il est dans un état critique, mais stable. Les membres de sa famille, sous le choc, sont à son chevet.

___________________________________________

Sécurité aquatique: 4 types de brevet de sauveteur

Après une formation d'un minimum de 70 heures, les aspirants sauveteurs doivent se spécialiser avant de travailler à la piscine et aux différents plans d'eau du Québec, que ce soit au parc aquatique, au lac ou à la mer.

Piscine

Ce brevet de 40 heures prépare le sauveteur à surveiller une piscine et à réagir adéquatement en cas d'urgence. Une fois l'examen réussi, il permet à un individu âgé d'au moins 17 ans de travailler autour d'une piscine municipale ou privée à titre de surveillant-sauveteur ou comme assistant surveillant-sauveteur sur une plage continentale. Le brevet est valide pour deux ans, après quoi une requalification est nécessaire.

Parc aquatique

Ce brevet de 20 heures prépare le sauveteur à surveiller des baigneurs dans les diverses structures que l'on trouve dans les centres de loisirs en plus de faire connaître les risques associés aux surfaces glissantes, à l'affluence dans les structures et au débit élevé de l'eau. Pour obtenir le brevet, il faut avoir suivi les 40 heures de formation de sauveteur en piscine. Comme pour la piscine, une requalification est nécessaire après deux ans.

Lac et rivière

Ce brevet de 20 heures prépare le sauveteur à surveiller un environnement grandement touché par les caprices de la nature et d'agir en conséquence en cas d'urgence. Il permet à l'employé d'évaluer correctement les enjeux liés aux courants, au sable, aux profondeurs changeantes, à l'opacité de l'eau et à l'étendue de la zone de baignade. Pour obtenir le brevet, il faut aussi détenir celui de sauveteur en piscine. Et comme en piscine, le brevet est valide pour deux ans.

Mer et océan

Ce brevet de 40 heures permet au sauveteur d'évaluer correctement les enjeux liés aux courants forts, aux marées, aux vagues, aux profondeurs changeantes, au sable, aux obstacles sous-marins et à l'étendue de la zone de baignade. C'est le plus prestigieux des quatre titres de sauveteur. Pour suivre ce cours, les candidats doivent se rendre dans un environnement océanique. Encore ici, le brevet est valide pour deux ans.

- Gabrielle Duchaine

Ratios respectés

La plage a aussitôt été fermée et les baigneurs, repoussés sur la pelouse afin de laisser libre accès aux secouristes. La direction du parc Jean-Drapeau assure que la plage n'était pas bondée et que tous les ratios étaient respectés. «Il y avait six sauveteurs accrédités sur place, et trois surveillants en premiers soins. Dans la zone où l'accident est arrivé, il y avait seulement le camp de jour. Il y avait 64 enfants pour 21 accompagnateurs, qui étaient, comme on le demande, en cercle autour des enfants. Ils étaient dans l'eau depuis un instant. C'est un moniteur dans l'eau qui a découvert que le jeune manquait», a expliqué Nathalie Lessard, de la Société du parc Jean-Drapeau.

Elle soutient que les sauveteurs étaient en nombre suffisant, car il y avait moins de 1000 baigneurs alors que la plage peut en accueillir 5000. Quant aux sauveteurs, ils prendraient part à deux exercices de sauvetage par semaine. Celui qui surveillait le groupe en question travaille au parc depuis cinq ans.

«En 20 ans d'existence, c'est le premier incident du genre au parc Jean-Drapeau», a assuré Mme Lessard.

Mais Kelly Jones et ses amis ne sont pas certains qu'il y avait assez de sauveteurs pour le nombre de baigneurs, pour la plupart de jeunes enfants venus avec un camp de jour.

La plage devrait rouvrir aujourd'hui.

- Avec Gabrielle Duchaine

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse