Alors que l'étau des autorités était en train de se resserrer sur son entreprise tentaculaire, le centre de services financiers d'un blanchisseur d'argent a été la cible d'un incendie criminel hier à Saint-Léonard.

Peu avant 3h du matin hier, les pompiers ont été appelés pour un début d'incendie au centre d'encaissement de chèques Chèques populaires, rue Jean-Talon Est. L'incendie a été vite maîtrisé, mais les pompiers ont appelé la police après avoir découvert des signes suspects.

«La vitre a été fracassée et des traces d'accélérant ont été trouvées sur le sol», confirme l'agent Yannick Ouimet, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Tony Cafaro

L'enquête a été confiée aux policiers de la section des incendies criminels, qui tenteront de déterminer si le sinistre pourrait être lié aux activités du propriétaire Tony Cafaro, un financier qui avait bâti un petit empire dans l'ombre pendant des années, mais qui accumule les litiges civils et les déboires avec les représentants de la loi depuis quelques années.

En mars dernier, Cafaro s'est avoué coupable de blanchiment d'argent et a écopé d'une peine de six mois à purger dans la communauté. Un agent d'infiltration policier avait réussi à lui faire blanchir des dizaines de milliers de dollars prétendument issus du trafic de drogue. Le policier a raconté que Cafaro a même tenté de lui vendre au noir 48 «palettes» de Sangria «comme à la SAQ», mais à 40% du prix régulier. Selon l'agent, Cafaro se montrait prudent, préférait aller à l'arrière de son commerce pour «parler de business» et ne voulait pas parler si un téléphone cellulaire était à proximité, «à cause des ondes».

Puis, en mai, Cafaro a été déclaré coupable d'avoir exploité sans permis une agence de recouvrement, Crédit Fédéral Commercial, à la même adresse que Chèques populaires.

La Presse a aussi révélé en mai qu'il a été sous la loupe de la police pour un prêt à l'ancien associé d'un mafioso assassiné récemment, Giuseppe Colapelle. L'argent a servi à tenir un bar dans un immeuble appartenant à la conjointe d'un lieutenant du clan mafieux des Rizzuto.

Autorité des marchés financiers

Si le commerce de Cafaro a échappé aux flammes, il n'est pas au bout de ses peines pour autant. L'Autorité des marchés financiers est en train de faire le ménage dans l'industrie des services financiers et elle obligera d'ici au 1er octobre tous les centres d'encaissement de chèques à s'enregistrer officiellement pour recevoir un permis. La Sûreté du Québec vérifiera «les bonnes moeurs» et les antécédents criminels des propriétaires, qui pourraient se faire refuser un permis sur la base de ces critères.