Les plaintes pour des crimes à caractère sexuel ont diminué de 25% en cinq ans sur le territoire de Montréal. En 2011, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a comptabilisé 1090 crimes sexuels, comparativement à 1449 en 2007, selon des documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Les plaintes pour agressions sexuelles simples ou armées sont celles qui ont le plus diminué au fil des années. Ainsi, les agressions sexuelles simples (attouchements sexuels ou relations sexuelles sans consentement) sont passées de 1208 à 848 entre 2007 et 2011, tandis que les agressions armées sont passées de 36 à 18 pendant la même période.

Le nombre de plaintes concernant des agressions sexuelles graves - à la suite desquelles la victime est blessée ou défigurée - est demeuré plutôt stable au cours des dernières années. En 2007, deux cas seulement ont été recensés par le SPVM, mais en moyenne, depuis cinq ans, on en notait quatre ou cinq par année. En 2011, cinq agressions sexuelles graves ont été dénoncées à Montréal.

Une victime sur dix porte plainte

De son côté, le Centre pour les victimes d'agression sexuelle de Montréal (CVASM) ne constate pas de baisse du nombre de personnes qui font appel à ses services. «On est toujours bien occupés. Ces chiffres sont les plaintes qui ont été rapportées aux policiers, mais ici, nous travaillons beaucoup avec des personnes qui ne veulent pas porter plainte, souvent parce qu'elles ont peur», explique Deborah Trent, directrice du CVASM.

Mme Trent rappelle que les statistiques du ministère de la Sécurité publique révèlent que seulement une victime d'agression sexuelle sur dix porte plainte auprès des policiers.

«Certaines victimes ont peur et se demandent si on les croira lorsqu'elles vont raconter leur histoire. C'est aussi trop difficile pour certaines victimes de devoir revivre ce qui s'est passé et d'en reparler. Les gens ont envie de passer à autre chose. Porter plainte, ce n'est jamais une décision qui est prise à la légère», ajoute Mme Trent.

Elle souligne également que dans de 75 à 80% des cas, les victimes connaissaient leur agresseur. Celles-ci peuvent donc craindre de dénoncer un proche.

Le CVASM, qui offre de l'écoute et dirige les victimes vers différentes ressources, ne force jamais les victimes à porter plainte contre leur agresseur. «La victime, c'est elle qui va devoir passer à travers tout le processus. On ne peut pas se substituer à elle», explique Mme Trent.

- Avec la collaboration de William Leclerc

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Quelques chiffres

> Près de 90% des agressions sexuelles ne sont pas déclarées à la police.

> 1 femme sur 3 a été victime d'au moins une agression sexuelle depuis l'âge de 16 ans.

> 1 homme sur 6 sera victime d'une agression sexuelle au cours de sa vie.

> Les deux tiers des victimes ont moins de 18 ans.

> 82% des victimes d'agression sexuelle sont des femmes.

> 1 femme sur 7 est agressée sexuellement au moins une fois par son conjoint.

> Près de 8 victimes sur 10 connaissent leur agresseur.

Source: ministère de la Sécurité publique