À sept ans d'intervalle, les procès d'une femme accusée de cruels sévices physiques, psychologiques et sexuels envers ses trois enfants se sont soldés par le même verdict: coupable.

La femme de 63 ans, que nous nommerons seulement par ses initiales (V.G.) pour protéger l'identité des victimes, n'a pas bronché, hier, quand la juge Nathalie Fafard l'a déclarée coupable de la majorité des 38 chefs d'accusation portés contre elle. Les enfants de l'accusée, tous dans la trentaine aujourd'hui, étaient dans la salle d'audience en compagnie de leur père et semblaient soulagés du dénouement. Ce deuxième procès, qui s'est tenu au palais de justice de Montréal, avait été ordonné par la Cour d'appel, qui avait trouvé des erreurs de droit dans le premier procès.

Les événements se sont produits de 1977 à 1995. V. G. se plaisait à humilier ses enfants, à les punir et à les faire souffrir. Coups de poing, de pied, de marteau, de bâton, repas avariés, enfants agenouillés pour un tout et pour un rien, parfois sur du gros sel, étouffement, crises d'hystérie, contrôle absolu, même sur les besoins naturels de ses enfants... La vie était infernale avec V. G., selon le récit des trois enfants. La femme avait des lubies. Il lui est même arrivé de laver le vagin de sa fille avec une brosse à dents, et de «désinfecter» ses parties intimes avec de l'alcool à friction. Elle agissait de même avec ses deux fils, notamment en leur étirant inutilement le pénis, et en les ridiculisant.

Garde d'enfants

Le père était plutôt effacé. Il a quitté le domicile familial en 1991. Les enfants, eux, sont partis au milieu des années 90, et sont retournés vivre avec lui. Ils ne veulent plus rien savoir de leur mère. Ils se sont décidés à porter plainte en 2002, en apprenant que V. G. avait commencé à garder des enfants. Ils craignaient qu'elle décharge sa violence sur eux.

La juge Nathalie Fafard a cru les enfants, et pas la mère, qui alléguait un coup monté contre elle. La femme s'est présentée comme une mère protectrice qui avait donné à ses enfants le meilleur d'elle-même. Mais ce témoignage n'a pas bien impressionné la juge.

«Elle tente de contenir un sanglot feint en essuyant ses yeux sans larmes et revient au calme au bout de quelques minutes. Cet accès d'émotivité est injustifié et malhabilement mis en scène», a souligné la magistrate. Plus loin, la juge a signalé que «les événements s'inscrivent clairement dans une dynamique de maltraitance à tous les niveaux aussi bien physique, psychologique que sexuelle». V. G. a été déclarée coupable de menaces, voies de fait, voies de fait armées, voies de fait causant des lésions, agression sexuelle et agression sexuelle armée.

Les plaidoiries sur la peine se tiendront le 14 novembre. Un rapport précédant la peine avait été établi sur l'accusée au terme du premier procès, il y a sept ans. Il sera rafraîchi pour éclairer la Cour au sujet de V. G. Lors du premier procès, V. G. avait été condamnée à une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité, ce qui avait déçu les victimes. On verra ce que la Cour décidera cette fois-ci. C'est Me Caroline Dulong qui occupe pour la Couronne tandis que Me Patrick Davis représente V. G.