Le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a précisé mardi qu'il n'y a pas que le torse de la victime Jun Lin qui a été retrouvé au milieu des ordures, dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal, mais également d'autres parties de son corps.

Jun Lin est la victime présumée de Luka Rocco Magnotta, qui a été arrêté lundi à Berlin, dans le cadre de ce que les autorités décrivent comme «la plus grande chasse à l'homme de l'histoire de la police de Montréal».

Le commandant Denis Mainville, de la section des crimes majeurs, et le commandant Ian Lafrenière, des communications corporatives du SPVM, ont fait le point sur l'enquête, mardi, au cours d'une rencontre avec la presse.

D'autres membres de la victime, en plus de son torse, ont ainsi été retrouvés au milieu des ordures, mais il manque toujours la tête de Jun Lin, de même que sa main droite et son pied droit, a précisé M. Mainville.

L'autre pied et l'autre main de la victime avaient été envoyés par la poste au Parti libéral du Canada et au Parti conservateur à Ottawa. L'un des colis avait été intercepté par Postes Canada avant sa livraison.

La police a d'ailleurs eu la confirmation officielle, mardi, que ces membres étaient bien ceux de Jun Lin. «Le 1er juin, des prélèvements sont effectués au niveau des membres qui ont été retrouvés à Montréal, mais également à Ottawa. Il fallait avoir une corrélation entre les différents membres qui ont été retrouvés. On vient d'avoir la confirmation qu'effectivement, c'est le même individu. Les analyses d'ADN l'ont confirmé», a précisé le commandant Mainville.

Il a par ailleurs ajouté qu'en plus du pic à glace ayant vraisemblablement servi au meurtre, les policiers ont retrouvé des objets contondants dans ces ordures.

Il a aussi précisé que les policiers ont reçu entre 400 et 500 informations dans le cadre de leur enquête.

Pour donner une idée de l'importance des effectifs qui ont été déployés dans le cadre de cette enquête internationale, le commandant Mainville a précisé qu'uniquement en France, «une trentaine d'enquêteurs de la police française se sont mobilisés» pour venir en aide à la police de Montréal, sans compter des effectifs de la Sûreté du Québec, de la Gendarmerie royale du Canada, d'Interpol, de l'Agence des services frontaliers, de la police de Toronto et, bien sûr, de la police allemande, qui a mis la main au collet de Luka Rocco Magnotta dans un café Internet de Berlin.

«Ça a été extrêmement mobilisant pour toutes les agences policières. Et c'est probablement une des premières pour lesquelles vous avez vu la force de concertation des éléments d'enquête, non seulement au niveau de l'enquête, mais l'échange entre les corps de police s'est fait de façon remarquable. L'investissement de tous les corps de police a été vraiment sans précédent pour nous», a commenté le commandant Mainville.

C'est un employé d'un café Internet de Berlin qui a reconnu Magnotta, dont la photo paraissait à la une d'un journal. Magnotta lisait des reportages à son sujet sur Internet. Cet employé a alors avisé des policiers.

En entrevue après la rencontre de presse, le commandant Mainville a avoué qu'il s'agissait du cas le plus horrible qu'il avait vu dans sa carrière. Sur une échelle de 1 à 10, «je mettrais 10. Avec 29 ans de carrière - et la même chose pour mes enquêteurs chevronnés au niveau des crimes majeurs - le visionnement (de la vidéo du meurtre, mise sur Internet par le tueur présumé), ça a pris quelques visionnements avant qu'on la voie dans son intégralité, parce que c'est très difficile. Ce sont des images qui demeurent dans votre tête très longtemps. Pourtant, j'en ai vu, et mes enquêteurs aussi.»

Il a confirmé que la vidéo comporte des scènes de ce qui semble être du cannibalisme qui devront toutefois être authentifiées.

Le commandant Mainville a rejeté les conclusions de certains observateurs de la scène criminelle qui ont affirmé, ces derniers jours, que Magnotta n'avait pas été prudent en laissant des traces de ses allées et venues. «Contrairement à ce qui a été dit, ce ne sont pas des indices qu'il laissait volontairement. C'est vraiment, je vous dirais, quelques erreurs et quelques éléments qu'il a faits dans la publication et dans la médiatisation qui ont permis de récupérer ces éléments de preuve là», a-t-il dit.

«Il n'a rien laissé pour qu'on puisse courir derrière lui facilement», a-t-il ajouté.

Le SPVM veut aussi revoir d'autres cas de crimes non résolus afin de voir s'ils ne pourraient pas être reliés à Magnotta. «On fait l'ensemble de l'évaluation des dossiers qu'on a, tant dans les crimes non résolus que dans les dossiers d'agressions», a indiqué le commandant Mainville.