Pendant plus de 40 ans, Bernard Desroches, considéré comme un grand connaisseur dans le milieu de l'art canadien et québécois, a tenu une galerie d'art à Montréal. Aujourd'hui, à 85 ans, il pourrait se retrouver en prison.

C'est en tout cas ce que le juge Michel Bellehumeur a laissé entendre, lundi, au terme des plaidoiries. En 2009, M. Desroches a plaidé coupable à des accusations de vol de tableaux. En fait, il avait vendu une trentaine de tableaux qui lui avaient été confiés en consignation, mais il avait gardé l'argent. Après de multiples reports et la rédaction d'un rapport prédécisionnel, le moment est venu de décider de la peine à lui infliger.

La procureure de la Couronne, Marie-Ève Rodrigue, demande une peine de prison ferme de 12 à 18 mois. Elle estime à environ 300 000 $ la valeur des tableaux, parmi lesquels on comptait un Riopelle, un Cosgrove, un Laliberté... Les oeuvres appartenaient à cinq personnes, dont une femme âgée aujourd'hui décédée. C'est la succession qui poursuit l'affaire. Par ailleurs, une autre des cinq personnes a été remboursée.

M. Desroches a agi ainsi parce qu'il était pris à la gorge financièrement. «Il ne voulait pas se résoudre à faire faillite, même si cela lui était fortement recommandé», a signalé Me Rodrigue.

Me Luc Trempe, qui représente l'accusé, a fait valoir de son côté que tout cela était arrivé alors que M. Desroches avait déjà un âge avancé. Auparavant, il avait une bonne réputation. «Il s'est retrouvé dans une situation très difficile, il était saisi à gauche, à droite. Il croyait toujours à un remboursement. Mais comment se refait-on à 80 ans?», a demandé Me Trempe. Il a également souligné que M. Desroches avait engagé à la galerie de jeunes hommes qui ont abusé de la situation et volé de l'argent.

L'avocat a par ailleurs expliqué que M. Desroches a des problèmes rénaux et qu'il a été traité pour dépression. Le juge Bellehumeur trouve néanmoins que les agissements de M. Desroches ne sont pas sympathiques. Il a indiqué que ce dernier devait se préparer à tout au prononcé de la peine, qui aura lieu le 27 septembre prochain. Signalons que M. Desroches avait déjà eu des démêlés avec la justice en 1999, dans une affaire semblable. Il avait finalement eu une absolution en 2001. La victime dans ce cas était Marc Bellemare, qui allait devenir ministre de la Justice.