Deux demandeurs d'asile politique, qui sont accusés d'avoir utilisé 204 cartes bancaires clonées depuis leur entrée au pays, en 2010, resteront sous les verrous en attendant leur procès.

C'est ce que la juge Lori Renée Weitzman a décidé, hier, au terme de l'enquête sur la mise en liberté de Marinel Dragoi, 27 ans, et de Constantin Cata Rizea, 40 ans. D'origine roumaine, les deux hommes sont entrés illégalement au Canada et ont demandé l'asile politique en septembre 2010. Leur cas est toujours à l'étude.

Selon le résumé que la juge a fait hier matin, la preuve tend à démontrer qu'ils auraient commencé à commettre des fraudes par cartes de débit deux mois après leur arrivée au pays. Un de leurs compatriotes, Costel Bucur, 41 ans, est accusé avec eux. Ce dernier a toutefois le statut de résident permanent au Canada. Il a pu recouvrer la liberté sous caution.

94 accusations

Les trois hommes font face à 94 accusations de fraude et de clonage de cartes de débit. Ces actes auraient causé des pertes de 160 000$ à la Banque Scotia et de 24 000$ à la Banque de Montréal.

Les suspects se servaient apparemment d'un dispositif qui enregistrait la bande magnétique des cartes de débit. Un autre dispositif filmait les clients pendant qu'ils composaient leur numéro d'identification personnelle. Les dispositifs étaient installés pendant deux ou trois heures dans les guichets. L'enquête a visé 37 installations du genre. Le 17 avril dernier, les accusés ont été pris en filature pendant qu'ils se rendaient à différents guichets automatiques.

Une perquisition dans le logement des deux accusés, sur le boulevard Édouard-Montpetit, a permis de découvrir un dispositif de clonage, une encodeuse, 84 cartes, des clés USB, des cartes mémoire, des outils pour installer l'équipement dans les guichets, 3 fentes de lecture artisanales et 13 vêtements qui auraient été portés pour commettre les fraudes, en plus d'une somme de 8600$CAN. Les accusés n'ont ni emploi ni revenu déclaré depuis leur entrée au pays.

Autre fait à noter, les demandeurs d'asile invoquent habituellement, au soutien de leur requête, le fait qu'ils sont en danger dans leur pays d'origine. Or, selon la preuve, les deux hommes sont retournés dans leur pays en 2011. Ils ont été interpellés à leur retour, en septembre 2011, lorsqu'ils se trouvaient dans les bois, à la frontière des États-Unis et du Canada.

La Couronne demandait que les accusés soient détenus, tandis que la défense soutenait que cela serait très difficile pour eux. Finalement, après réflexion, la juge Weitzman a décidé de les garder sous les verrous. Elle a signalé que la preuve semblait forte et qu'il ne s'agissait pas d'actes commis sur un coup de tête. «C'est un processus sophistiqué, qui a demandé du temps et de l'argent», a-t-elle dit. Elle a relevé le fait que les accusés ne semblent pas freinés par les règles de droit. La preuve: leur «retour subreptice» de Roumanie en septembre 2011.