Il y a du nouveau dans l'affaire Dany Perras, un ex-avocat qui a escroqué ses clients de plusieurs millions de dollars. Un groupe d'investisseurs qui avait retenu ses services soutient maintenant qu'il a grossièrement bâclé son travail concernant une transaction immobilière dans les Laurentides, ce qui leur a fait perdre 1,1 million de dollars.

La requête a été rendue publique hier, au palais de justice de Montréal. Les plaignants sont regroupés sous la société à numéro 6784071 Canada. Ils ont acheté en 2007 le Domaine Boisé Miramont, à Saint-Adolphe-d'Howard, un complexe hôtelier qu'ils voulaient convertir en copropriété d'habitation.

Or, la propriété, sise au bord d'un lac, comportait plusieurs problèmes de zonage, ce qui limitait grandement le projet. Les requérants estiment que leur ex-avocat, Dany Perras, aurait dû constater ces difficultés et leur en faire part avant l'achat. Ils réclament 1,1 million au Fonds d'assurance responsabilité professionnelle du Barreau du Québec.

Cette poursuite s'ajoute aux nombreux litiges qui concernent Dany Perras. L'homme a démissionné du Barreau le 19 octobre après que des clients se sont plaints de ne pouvoir récupérer les fonds versés dans son compte en fidéicommis. Une trentaine de créanciers, dont les deux tiers sont d'anciens clients de l'ex-avocat, lui réclament 7,8 millions.

Selon nos sources, Perras leur a avoué qu'il ne restait presque plus d'argent dans le compte. Les fonds ont été versés à des tiers. La Presse connaît l'identité de ces tiers, mais la Cour interdit de les nommer, même s'ils sont toujours en activité.

Au début de l'année, Perras a proposé à ses anciens clients et créanciers un arrangement qui aurait soi-disant pu leur permettre de récupérer 16% de leurs avoirs. Cette proposition, la deuxième depuis le mois d'octobre, a été rejetée à 98% le 20 février, a appris La Presse de bonne source. Ce rejet a automatiquement entraîné la faillite de l'ex-avocat. Avec la faillite, les créanciers et clients ne devraient obtenir guère plus de 8% de ce qui leur est dû.

Cette affaire, qui s'apparente à un stratagème à la Ponzi, a fait bien des mécontents. Perras a été la cible de deux attentats depuis la mi-novembre. Des individus ont lancé des pierres dans les fenêtres de sa maison, à Hampstead, et les deux véhicules garés dans l'entrée ont été incendiés.

Dans l'affaire de Saint-Adolphe-d'Howard, les plaignants disent avoir constaté l'ampleur de la négligence de Perras après avoir fait appel à un autre avocat, au mois d'octobre. Ce dernier leur aurait dit que Perras n'avait pas mené la vérification nécessaire à cette transaction et n'avait donc pu constater les problèmes de zonage.

En attendant de régler leur litige avec le vendeur du Miramont, les plaignants avaient versé le solde du prix de vente dans le compte en fidéicommis de Perras, une somme de 1,6 million. Or, il appert que Perras a versé l'argent au vendeur sans en aviser les acheteurs.

Qui plus est, Perras a incité ses clients à intenter des poursuites contre le vendeur, mais il n'a pas respecté les délais procéduraux, si bien que la cause est caduque. L'avocat de Perras, Denis Godbout, n'avait pas pris connaissance de la requête au moment d'écrire ces lignes.