Un très gros réseau de distribution de cigarettes de contrebande et d'exportation de cannabis a été démantelé ce mercredi matin dans l'extrême sud-ouest du Québec. Le réseau était apparemment dirigé par un pompier du village de Godmanchester, et trois de ses collègues, dont son chef.

Gary James Arnold, un rédiviste de 43 ans surnommé soit tweetle, melon d'eau ou melon head, aurait dirigé ce vaste réseau qui par la contrebande, aurait fraudé les fiscs québécois et canadien d'au moins 26 millions de dollars en taxes éludées.

Arnold est pompier volontaire à Godmanchester, petit village adossé à la frontière canado-américaine, près de Huntingdon.

Son bras droit aurait été nul autre que son chef au service d'incendies, Andrew McDonald, 37 ans, alias ponpon, chief ou chico.

Les pompiers Justin Jamieson et Willy Ikema ont aussi été arrêtés.

La caserne des pompiers du village a d'ailleurs été la cible d'une des 20 perquisitions menées tôt en matinée par les 250 policiers qui ont participé à l'opération, majoritairement des agents de la Sûreté du Québec, mais aussi de la GRC. Les enquêteurs croient que la caserne a été utilisée par les trafiquants pour mener à bien leurs affaires. Ils se seraient surtout servis des ondes radio cryptées qu'ils y avaient à leur disposition, et du matériel informatique.

En tout, 23 personnes ont été arrêtées. Quatre personnes sont toujours au large.

En conférence de presse, l'inspecteur Michel Pelletier, chef du Service des enquêtes sur le crime organisé, a indiqué qu'il s'agissait d'un réseau opéré par des «professionnels».

On estime à 26 millions de dollars le montant des taxes non versées aux agences du revenu du Québec et du Canada depuis le début de l'enquête en septembre 2010.

Le groupe de Gary James Arnold importait au Québec les cigarettes en provenance de la réserve Mohawk d'Akwesasne, à cheval sur l'Ontario, le Québec et les États-Unis.

«Les cigarettes venaient des États-Unis et d'Ontario, et étaient acheminées au Québec par motoneige l'hiver, véhicules tout terrain et bateau sur le fleuve et le lac Saint-François en été», explique-t-il.

«Le réseau utilisait le même chemin, à l'inverse, pour exporter du cannabis aux États-Unis», a poursuivi le policier. On estime à 30 le nombre d'exportations réussies en cours d'enquête. Au cours de la même période, les limiers ont aussi saisi 110 kg de cannabis et saisi 200 000 $ comptants.

Le transport de la marchandise illégale se faisait rapidement et discrètement. La police n'a jamais eu de plaintes de citoyen concernant cette importante organisation.

L'inspecteur n'a pas voulu préciser si à la connaissance des enquêteurs, l'organisation usait de menaces et d'intimidation pour s'assurer le silence de la population.

Mais parmi tous les biens saisis mercredi lors des 20 perquisitions, figurent tout de même 35 armes à feu et deux vestes pare-balles.

On a aussi saisi 90 caisses de tabac, 9 kg de cannabis, 140 000 $, et trois véhicules volés.

Le ministère public a de plus obtenu des ordonnances de blocage contre quatre voitures et six résidences, pour une valeur de 2,5 millions en biens infractionnels. Cinq des six maisons appartenaient à Arnold ou lui étaient reliées.

Les 23 suspects comparaissent pour la plupart aujourd'hui, sous des chefs d'accusations allant de trafic de stupéfiants à fraude, en passant par gangstérisme et complot.