La police de Montréal enquête sur trois incendies suspects ayant frappé depuis la fin janvier des immeubles de l'énigmatique magnat du Vieux-Montréal, Georges Marciano, qui était au coeur d'une dispute de 260 millions $ avec ses ex-employés californiens.

«M. Marciano n'a aucune idée de ce qui se passe. Il n'est pas en mesure de confirmer ou d'infirmer si ce sont des incendies criminels ou s'il est visé. Ça peut être une coïncidence, car il n'y a pas de raison qu'il soit visé», a expliqué hier le porte-parole du richissime homme d'affaires, Gilles Corriveau.

Le journal Les Affaires a révélé vendredi que jusqu'à quatre incidents possiblement criminels ont touché les propriétés de Marciano, fondateur et ex-dirigeant de l'entreprise Guess Jeans.

Au SPVM, on confirme que les policiers enquêtent sur un incendie survenu le 24 janvier au 262, rue Saint-Paul, ainsi que sur deux feux qui ont éclaté dans un autre immeuble du financier, à l'angle de la rue Notre-Dame et du boulevard Saint-Laurent, les 15 et 27 février.

Le Service de sécurité incendie de Montréal ajoute que les pompiers sont intervenus à nouveau le 4 mars pour une alarme à cet endroit, mais qu'il n'y avait pas de flammes à maîtriser. Selon nos sources, les policiers ne disposent toutefois d'aucune piste indiquant qu'un ou plusieurs incendiaires aient eu des motifs précis de cibler le propriétaire.

Les deux immeubles faisaient partie des actifs de 150 millions$ saisis à M. Marciano par un syndic de faillite en septembre, à la demande de ses ex-employés californiens qui lui réclament 260 millions $.

M. Marciano a réussi à récupérer ses biens, y compris un diamant d'une valeur de 16 millions $, dans l'attente de la fin du litige.

Certains commerçants qui louent des locaux dans les immeubles sinistrés ont dû fermer leurs portes temporairement.

«Ça fait déjà un mois que je suis fermée, j'espère rouvrir d'ici deux semaines pour ne pas manquer ma saison», explique Nathalie Labelle, de la boutique de chaussures Félix Brown. Elle souligne tout de même que la société immobilière de Marciano, Gestion 507, a fait un travail «extraordinaire» après les incendies.

«Tous les locataires de Marciano sont comme ses enfants. On s'est très bien occupé de moi», renchérit Moshé Simhon, de la boutique Jeans NRJ, qui a lui aussi subi quelques dommages.

Mais l'avocat David Ghavitian, qui habite l'immeuble de la rue Notre-Dame, est moins tendre envers son propriétaire.

«Après le premier incident, rien n'a été mis en place. Ça laisse planer le doute sur la sécurité des lieux», déplore-t-il.