Trois membres du gang des Rouges sont soupçonnés d'avoir fait deux innocentes victimes, au cours d'une même soirée, uniquement parce que ces dernières portaient des vêtements bleus.

David Mervilus, Raynald Richard et Russel Similome auraient d'abord battu un jeune homme dans un bar-billard. À peine quelques minutes plus tard, ils auraient ouvert le feu sur un automobiliste arrêté à un feu rouge qui n'avait rien à voir avec le milieu criminel.

Les victimes se sont retrouvées au mauvais endroit au mauvais moment, mais surtout, avec des vêtements de la mauvaise couleur sur le dos, celle du clan ennemi des Rouges, les Bleus.

Le procès des trois hommes de 19 à 28 ans s'est ouvert, hier, au palais de justice de Montréal. Connus de la police comme des membres des Blood Mafia Family, ils sont notamment accusés d'avoir déchargé une arme à feu sans se soucier de la vie d'autrui et de voies de fait graves.

Le 4 mars 2011, un étudiant de 25 ans joue au billard avec deux copines au bar Le Trix, à Rivière-des-Prairies, lorsque quatre hommes se dirigent rapidement vers lui et l'encerclent. Ce soir-là, le jeune homme est tout de bleu vêtu.

Un témoin nerveux

«Je ne les connaissais pas. Je me suis fait tabasser à coups de poing. Ça s'est passé en une fraction de seconde», a-t-il raconté, hier. Au cours de la bagarre, il s'est défendu en brisant son verre de bière sur la tête de l'un de ses agresseurs. Il a ensuite réussi à se réfugier derrière une porte du bar. Il s'en est sorti avec des blessures mineures.

Le jeune homme, visiblement nerveux à l'idée de témoigner, n'a pas été en mesure d'identifier ses agresseurs. Ses deux copines, elles, ont carrément refusé de témoigner. Elles avaient toutefois révélé, ce soir-là, à la police le numéro de plaque d'immatriculation du véhicule dans lequel les individus ont pris la fuite. La voiture appartient à Raynald Richard.

«Si les deux femmes ne sont pas là aujourd'hui, malgré le subpoena, c'est qu'elles sont mortes de peur», a insisté le procureur de la Couronne, Me Martin Joly, auprès de la juge Hélène Morin.

Hier, une vidéo captée par les caméras de surveillance du bar a été déposée en preuve. On y voit les accusés s'attaquer à la victime, a décrit le sergent-détective Dave Paulin, de la police de Montréal.

En regardant ces images de mauvaise qualité, la juge Morin semblait moins convaincue que l'enquêteur. C'est à ce moment-là que Similome, assis dans le box des accusés, lui a facilité la tâche. «Similome est derrière», a-t-il dit, parlant de lui à la troisième personne. «Tout ce que vous dites peut être utilisé contre vous», lui a rappelé la juge.

La police reçoit un appel d'urgence concernant la bagarre à 2 h 21 du matin. Neuf minutes plus tard, les policiers reçoivent un second appel, cette fois-ci, concernant des coups de feu tirés à trois kilomètres de là, à l'angle du boulevard Pie-IX et de l'avenue Denis-Papin.

Ils ont été tirés à partir d'un véhicule en marche, dont la description ressemble à celle du véhicule de Richard.

Une balle traverse son bras

Selon la poursuite, les accusés ont visé un inconnu dont la voiture attendait au feu rouge parce qu'il portait un chandail bleu.

Cette seconde victime témoignera aujourd'hui. Une balle a fracassé la vitre du conducteur et traversé son bras gauche avant de ressortir en brisant la vitre du passager.

La police a intercepté le véhicule de Richard un peu plus tard cette nuit-là, rue Sherbrooke.

Quatre personnes étaient à bord: les accusés et un mineur qui doit être jugé pour les mêmes crimes en Chambre de la jeunesse. Le procès se poursuit aujourd'hui.