Les manifestants participant à ce qu'on appelle le Black Bloc, chahutés par des étudiants après avoir commis des actes de vandalisme lors de la manifestation de mardi au centre-ville, sont pourtant non violents, affirment des spécialistes de ces groupuscules.

Portant vêtements et drapeaux noirs, masqués, ils auraient lancé des feux d'artifice, certains en direction des policiers, et ont peint en noir l'inscription «ACAB» (All Cops Are Bastards) sur une voiture de police.

Certains médias ont indiqué qu'ils étaient «membres du Black Bloc».

«Le Black Bloc, c'est une stratégie d'action, une idée. On ne peut en être membre, car ce n'est pas une organisation. L'idée est de se regrouper dans une manifestation et de décider d'une action au moment où ça se passe. C'est la démocratie directe, il n'y a pas de chef», explique Pascale Dufour, professeure de sciences politiques à l'Université de Montréal.

Son vis-à-vis à l'UQAM, Francis Dupuis-Déri, qui a écrit un livre sur le phénomène Black Bloc, dit que les participants ne sont pas dangereux.

«Quand j'en vois dans les manifestations, la plupart du temps, il ne se passe rien de spécial. Ils sont là, ils s'expriment. Ils sont une critique radicale du libéralisme économique et politique. Ils sont quelque chose qui s'apparente à l'anarchisme, ou à un communisme libertaire», explique celui qui les a observés dans plusieurs manifestations altermondialistes dans le monde.

Il est faux, selon lui, de prétendre qu'ils sont des casseurs qui «infiltrent» le mouvement étudiant pour en découdre avec la police et détourner le message des manifestants.

«Ils font partie du mouvement. Ils ne sont pas plus extérieurs à la manifestation que le hippie pacifique ou l'étudiant en art déguisé en clown. Le mouvement étudiant n'est pas une armée. Il y a différents points de vue sur les tactiques à employer», croit-il.

Les deux professeurs croient que le Black Bloc prône la non-violence physique.

«Ils font plutôt dans la destruction de matériel. Mais on ne casse pas qu'une vitrine, il y a un sens politique derrière le choix de la vitrine qui sera brisée. C'est souvent interprété par le public comme du vandalisme, mais pour eux, c'est une action politique», conclut Pascale Dufour.

La police de Montréal a refusé de mentionner le nom de Black Bloc hier, mais a affirmé enquêter sur des actes de vandalisme commis mardi.