Omar Bulphred, un jeune terroriste en herbe qui a incendié une école juive, devra purger la totalité de sa peine derrière les barreaux. La Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) estime qu'il est impossible de protéger autrement la société contre ce jeune fanatique sans pitié.        

Omar Bulphred sera néanmoins libre dans quatre mois.

Le jeune criminel montréalais d'origine algérienne, âgé de 26 ans, purge une peine globale de sept ans de pénitencier. Le 2 septembre 2006, il a incendié une école juive de la rue Ducharme dans Outremont où se trouvaient de nombreux jeunes enfants qui ont été terrorisés par l'attaque au cocktail Molotov. De plus, il a également déclenché un incendie au centre communautaire juif Ben Weider, en avril de l'année suivante et a planifié l'assassinat d'un participant du Bal en blanc, populaire party rave se tenant chaque année à Pâques.

«Je vais prendre un couteau, tu vas conduire, on va trouver quelqu'un, prendre ses cartes et aller au guichet automatique. Puis on va l'égorger et brûler le char. On va l'attacher comme un poulet et l'égorger comme un poulet», avait suggéré Bulphred à son complice et sous-fifre Azim Ibragimov, alors que tous deux étaient sous écoute policière. Heureusement, ils ont été arrêtés avant de passer à l'acte.

Ces crimes ont été commis au nom de l'islam, de la haine des Juifs et de l'Occident. Bulphred est un fervent adepte des sites web du jihad, qui glorifient les attentats suicides contre des Occidentaux et expliquent comment fabriquer des bombes.

Il a écopé de sa lourde peine le 12 février 2009. La détention préventive comptait alors encore en double: sur les sept ans de sa peine, il lui restait 40 mois à purger. Sa peine vient à échéance le 12 juin prochain.

Le fait que Bulphred demeure détenu jusqu'à la fin de sa peine est une chose extrêmement rare, étant donné que notre système carcéral fédéral libère conditionnellement la quasi-totalité des détenus avant le deux-tiers de leur sentence.

La CNLC a pris cette décision récemment, à la lumière de nombreux et inquiétants faits.

Outre ses antécédents criminels - menaces de mort contre le concierge de l'immeuble où il résidait et tirs de carabine à plombs sur les clients d'un café en face de chez lui - il a connu une détention chaotique depuis 2009.

Il s'est notamment mis à écrire dans sa cellule. Des textes qui font frémir.

«(Il) a été découvert, dans votre cellule, une pile imposante d'écrits qui traitent de fantasmes meurtriers, de démembrement, de conversation décrivant l'extase du meurtre et la renaissance du terrorisme, etc. Vous avez indiqué que ce matériel servait à l'ébauche d'un roman. De nouveaux écrits abordant la pyromanie et la nécrophilie furent également découverts», lit-on dans un récent rapport de la CNLC.

En mai dernier, comme presque tous les détenus canadiens, il a été libéré d'office, aux deux tiers de sa peine, et envoyé en maison de transition. Il ne lui aura fallu que 21 jours pour briser ses conditions et être renvoyé au pénitencier, car il a pourchassé un autre résident avec un couteau.

«Vous avez mentionné à cette personne que lorsqu'il arrive des situations, vous allez jusqu'au bout des choses, voire même jusqu'à tuer. Vous avez aussi ajouté que vous saviez où couper et où frapper pour tuer et faire vider de son sang rapidement un individu», écrit encore la Commission.

Il a même confié à un intervenant en détention qu'il envisageait l'embauche de détectives privés pour prendre en filature des agents correctionnels intervenant auprès de lui et obtenir des informations sur leur vie privée.

«Vous cherchez à faire peur», note la CNLC.

Même s'il s'est excusé auprès de la communauté juive lors du prononcé de sa sentence, il n'exprime plus d'empathie aujourd'hui. Il sourit même en parlant de ses crimes, avec lesquels il se dit parfaitement à l'aise.

On soupçonne même qu'il soit atteint de divers troubles mentaux, mais cela n'est pas encore bien clair. Des psychiatres qui l'ont évalué parlent de trouble de la personnalité «schizotypique» avec des traits «paranoïdes», et d'une «psychopathologie majeure».

Il est considéré comme dangereux, usant de la violence systématique lorsqu'il s'estime lésé.

«Il n'existe aucun programme de surveillance en communauté pouvant suffisamment protéger la société du risque que vous présentez», conclut la CNLC, qui lui impose de purger sa peine jusqu'à la fin. Il sortira donc en juin. Il ne sera alors plus possible de restreindre la liberté de cet individu, qui aura officiellement payé sa dette à la société.