Les autorités éprouvent de la difficulté à rejoindre les proches des victimes du tragique accident de la route qui a tué au moins 11 personnes lundi en tout début de soirée, dans le sud-ouest de l'Ontario.

Parmi les victimes se trouvent 10 travailleurs migrants. Certains ont de la famille au Canada, mais d'autres n'ont pas de proches ailleurs qu'au Pérou.

Les difficultés qu'éprouvent les autorités pour contacter les familles ralentissent considérablement la quantité d'information disponible sur l'accident, qui a aussi coûté la vie à un conducteur de camion. Ainsi, l'identité de la plupart des victimes n'a pas encore été dévoilée.

Les 13 travailleurs immigrants qui se trouvaient dans une fourgonnette sont originaires du Pérou, a fait savoir mardi un porte-parole de la ministre provinciale du Travail. La ministre Linda Jeffrey avait déclaré plus tôt que certains d'entre eux étaient des Jamaïcains, ce que l'ambassade de ce pays à Ottawa a réfuté.

Un policier qui a été dépêché sur la scène de l'accident, à Hampstead, a expliqué mardi que la survie de trois des 10 occupants de la fourgonnette relevait du miracle. Il a ajouté que cinq victimes étaient déjà décédées lors de l'arrivée des services d'urgence. Les six autres seraient mortes alors que les ambulanciers tentaient de les ranimer.

Selon le policier Kees Wijnands, les trois «miraculés» sont grièvement blessés mais toujours en vie. L'un d'eux, dont les blessures faisaient craindre pour sa vie, a été transporté par voie aérienne jusqu'à un hôpital de Hamilton. Les deux autres ont été admis dans un hôpital de Stratford, bien qu'entre temps, l'un d'eux ait été transféré à l'hôpital des sciences de la santé de London. Le patient qui demeurait à Stratford reposait toujours dans un état critique, a fait savoir la direction de l'hôpital.

La police aurait indiqué à l'entreprise propriétaire du camion plateforme, Speedy Transport, que le conducteur de la fourgonnette aurait omis d'effectuer un arrêt obligatoire avant d'être percuté.

Le ministre des Transports de l'Ontario a toutefois invité à la patience, ajoutant que les circonstances entourant l'incident n'étaient pas encore claires.

Qualifiant l'accident «d'incroyable tragédie», Bob Chiarelli a soutenu qu'il lui était impossible de confirmer lequel des véhicules avait omis un arrêt. Il a toutefois ajouté que selon lui, il «pourrait s'agir du camion».

Les cinq pompiers volontaires ont dû, à leur arrivée sur les lieux de la tragédie, procéder à une extraction «très difficile» pour sortir les passagers, a souligné le chef du service d'incendie, Bill Hunter.

«C'était définitivement une scène horrible. Je n'avais encore jamais vu une collision d'automobiles aussi grave», a-t-il poursuivi.

Une femme qui réside près du lieu de l'accident a affirmé que son époux était immédiatement sorti pour porter assistance aux victimes, mais qu'il n'avait rien pu faire parce que plusieurs étaient déjà mortes. Il aurait tenté d'aider un survivant encore conscient, mais la communication était difficile parce que celui-ci ne parlait pas anglais, a expliqué la femme.

Un syndicat représentant des ouvriers agricoles affirme que cet accident soulève des questions quant aux conditions de travail des travailleurs migrants. Selon Stan Raper, de l'Alliance des travailleurs agricoles, ces employés travaillent souvent de très longues heures consécutives. La fatigue peut les rendre vulnérables à de tels accidents, a-t-il avancé.

Selon Chris Ramsaroop, du groupe Justicia for Migrant Workers, les travailleurs craignent d'être déportés s'ils rapportent les problèmes de sécurité sur leurs lieux de travail ou pendant leurs déplacements.

Il s'agit du pire accident de la route au Canada depuis la tragédie des Éboulements, dans Charlevoix, en 1997. Quarante-trois personnes étaient décédées lorsque leur autobus était sorti de la route et avait plongé dans un ravin dans une côte particulièrement difficile. Il s'agit de la pire tragédie routière de l'histoire canadienne.

Deux mères du Nouveau-Brunswick qui ont vu leurs fils mourir dans un accident impliquant une fourgonnette de 15 passagers affirment par ailleurs que la tragédie de lundi démontre que le véhicule impliqué dans l'accident ne devrait pas être sur les routes.

Isabelle Hains et Ana Acevedo ont publié un communiqué mardi dans lequel elles affirment que ces fourgonnettes ne protègent pas les passagers puisqu'elles ne sont pas conçues pour transporter des personnes.

Sept membres de l'équipe de basketball de l'école secondaire anglophone de Bathurst et l'épouse de leur entraîneur avaient été tués, il y a quatre ans, lorsque leur véhicule a frappé un camion sur une route glacée, près de Bathurst.