L'acteur Tony Conte, qui caresse l'espoir de mener à bien plusieurs projets artistiques au cours des prochaines années, pourra-t-il purger sa peine dans la collectivité? La juge de la Cour supérieure Sophie Bourque devra maintenant trancher sur la sentence du comédien qu'un jury vient de trouver coupable de complot et possession de drogue en vue d'en faire le trafic.

Les plaidoiries sur sentence dans cette affaire se sont tenues aujourd'hui au palais de justice de Montréal. Le ministère public a demandé entre cinq et six ans de pénitencier alors que la défense exige une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité.

Tony Conte a été arrêté en octobre 2008 dans une chambre d'hôtel de Montréal où s'est déroulée une transaction de drogue impliquant deux agents d'infiltration de la police de Montréal. Lors du procès, la poursuite a plaidé que Conte avait été un acteur important dans une entente pour acheter 30 kg de cocaïne pour 500 000$.

Lors de son plaidoyer, l'avocate de la défense, Me Annie Émond, a avancé que Conte avait un «rang» moins important que deux de ses coaccusés dans cette affaire, Paul Maravita et Anthony Riccio. Ces derniers ont écopé de trois ans de prison après avoir plaidé coupable. Me Émond a aussi soumis que la médiatisation de la cause constitue un facteur atténuant.

De son côté, le procureur de la couronne Matthew Ferguson a fait venir à la barre l'enquêteur au SPVM, Stéphane Durocher qui a fait part de ses recherches sur Tony Conte après sa libération en attente du procès.

Ce dernier a raconté que l'homme qui a fourni sa caution a été arrêté en 2011 dans le cadre d'une opération liée aux stupéfiants et qu'il est actuellement accusé de complot pour trafic de cocaïne.

Des recherches dans les banques de données policières ont aussi révélé que Conte avait été interpellé, en mars 2009, par des policiers alors qu'il se trouvait en compagnie d'un homme qui possède des antécédents judiciaires en matière de possession et de production de drogue. Il a également été interpellé à trois reprises en 2010 alors qu'il était au volant d'un véhicule «sous surveillance» dans le cadre d'une enquête de stupéfiants. M. Conte n'était pas la cible du projet et a fini par acheter le véhicule du propriétaire qui n'a pas été accusé dans cette affaire. Enfin, une fiche d'observation a été rédigée en juillet 2010 après qu'il ait été observé à la sortie du célèbre centre de conditionnement Pro-Gym en train de discuter avec un autre homme au lourd passé judiciaire, qui comporte quatre condamnations en matière de drogue.

Projets d'avenir

La procureure de la défense a aussi fait défiler à la barre plusieurs personnes qui sont venues témoigner des projets artistiques dans lesquels Tony Conte s'est investi au cours des dernières années. Elle a plaidé qu'il s'agissait d'un «début de réhabilitation». François Gingras, réalisateur des séries télévisées Fortier, Casino et Trauma est venu expliquer qu'il avait été approché par Conte à la fin 2008 pour adapter au cinéma la pièce de théâtre de Marcel Dubé «Un simple soldat». Le projet a obtenu un budget de développement de la SODEC et de Téléfilms Canada. Conte a participé au plan de travail et il représente le lien entre la production et l'auteur, de qui il a acheté les droits.

«De là à dire que tout devient impossible.... (silence) Cette discussion-là on ne l'a pas eu encore avec l'équipe, mais c'est sûr que ça vient mettre un bâton dans les roues de ce projet-là», a déclaré M. Gingras.

Un autre réalisateur, Claude Brie, est venu affirmer qu'il développait un projet de série télé mettant en vedette des agents de stationnement.

Le producteur Claudio Luca a témoigné qu'il était intéressé à participer aux deux projets.

La juge rendra sa décision le 16 février.