Quelques heures avant d'être arrêté lors d'une transaction qui devait être de 30 kg de cocaïne, l'acteur Tony Conte a reçu un message texte faisant référence à un «deal» et au chiffre «30». Or, puisqu'il ne comprend pas l'anglais et qu'il est incapable de consulter des messages textes sur son cellulaire, il n'en a jamais pris connaissance et est incapable d'en saisir la teneur.

Voilà ce que Conte a répondu au procureur de la Couronne, Me David Simon, qui l'a questionné toute la journée, hier, sur son relevé téléphonique dans les heures et les jours précédant son arrestation. Le procès devant jury du comédien pour des accusations relatives au trafic de drogue se tient actuellement au palais de justice de Montréal.

Il faut «seulement dire que nous avons tout ce qu'il faut pour le 30. Souviens-toi que le deal, c'est 30», a écrit en anglais Miguel Sandoval, présent dans la chambre d'hôtel où Conte a été arrêté à la suite d'une fausse transaction impliquant deux agents doubles de la police de Montréal, le soir du 29 octobre 2008. Le message a été envoyé à 10 h 23 par Sandoval, défini comme un courtier en stupéfiants mexicains lors du témoignage d'un agent d'infiltration de la police de Montréal, la semaine dernière.

Messages textes

Lors de son contre-interrogatoire, Tony Conte a raconté qu'il ne savait pas comment ouvrir les messages textes et que son appareil n'émettait pas de signal particulier lorsqu'il en recevait un. «Je ne les ouvre pas parce que je ne connais pas ça», a-t-il soutenu.

Conte a aussi expliqué qu'il avait une compréhension très sommaire de la langue anglaise, au point où il ne comprenait pas la signification du mot «deal».

Peu de temps après l'envoi du message, Sandoval et Conte se sont rencontrés dans un restaurant Tim Hortons de Montréal. C'est là qu'il fait la rencontre d'un dénommé Chris, qui est en fait un agent d'infiltration du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Lorsque Conte se présente à Chris, ce dernier lui répond qu'il n'est «qu'un simple soldat qui fait des commissions». Mal à l'aise, selon ses propres dires, Conte change de table et laisse Sandoval et Chris discuter.

La veille, dans la nuit du 28 au 29 octobre, Conte a reçu un message de son ami Anthony Riccio qui indiquait: «Bring me money» (apporte-moi l'argent). Riccio était également présent à l'hôtel lors de l'arrestation de Conte.

Une dizaine de minutes avant la réception du message, Riccio, Conte et Sandoval ont quitté un bar de danseuses du centre-ville. Invité par Me Simon à interpréter le sens du message, Conte a répondu que Riccio avait payé pour leur souper plus tôt dans la soirée et qu'il voulait sans doute être remboursé.

Lundi, Conte a soutenu qu'il avait été impliqué dans la transaction de stupéfiants bien malgré lui. Il a raconté qu'il s'était retrouvé dans l'hôtel pour prendre des nouvelles de l'état de santé du parrain du fils d'un ami mexicain en visite à Montréal. C'est ce «parrain» qui avait présenté Miguel Sandoval à Conte quelques jours plus tôt. Lors de son témoignage, hier, Conte a insisté sur le fait qu'il ne comprenait pas non plus l'espagnol, langue parlée par le «parrain» et Sandoval.