Les cinq membres d'un gang de rue accusés du meurtre d'un jeune homme qu'ils croyaient appartenir à une bande rivale devront faire face à la musique. La Cour suprême du Canada a rejeté leur demande d'autorisation d'appel, ce qui signifie qu'ils devront subir un nouveau procès.

L'histoire en avait indigné plus d'un. En 2005, dans un bar de Montréal, des membres du gang des «bleus» s'étaient réunis pour commémorer la mort d'un des leurs. C'est alors qu'ils s'en sont pris à Raymond Ellis, un jeune homme de 25 ans sans histoire, qu'ils ont confondu avec l'auteur du meurtre de leur ami. Raymond Ellis a été battu et poignardé à mort.

Au cours du procès pour meurtre des coaccusés, la Couronne a été montrée du doigt pour s'être rendue coupable de vice de procédure. Elle avait en effet offert un faux prétexte pour demander un ajournement, alors qu'elle planifiait en réalité envoyer des agents doubles en prison pour arracher des aveux à un témoin clé.

Ce témoin, Wilkerno Dragon, avait d'abord accepté d'identifier certains des agresseurs, pour ensuite retourner sa veste et se parjurer. Arrêté pour vol et mis derrière les barreaux, Dragon aurait reçu des menaces et aurait même accepté de changer son témoignage en échange d'une somme d'argent. Devant ce cul-de-sac, la Couronne avait fomenté un plan afin d'infiltrer la prison.

Furieuse, la juge Sophie Bourque, de la Cour supérieure du Québec, avait suspendu les procédures de façon définitive lorsqu'elle s'était rendu compte du stratagème.

«Jusqu'où allez-vous avoir le droit de mentir à la cour?», avait-elle lancé à l'intention des avocats de la Couronne.

Résultat: les accusés avaient retrouvé leur liberté en janvier 2009.

La remise en liberté des cinq membres d'un gang dangereux avait hérissé l'opinion publique, d'autant plus qu'un mineur avait été reconnu coupable de meurtre prémédité dans cette même affaire l'année d'avant. Il avait écopé d'une peine de prison à perpétuité.

Au printemps 2011, la Cour d'appel a cassé la décision du tribunal inférieur et ordonné un nouveau procès. Le plus haut tribunal du pays a confirmé cette décision en rejetant jeudi la demande d'autorisation d'appel des coaccusés. Fidèle à son habitude dans les cas d'autorisation d'appel, la Cour suprême n'a pas motivé sa décision.

John Tshiamala, McLee Charles, Evens Belleville, Ernso Théobrun et Cleveland Alexander-Scott devront donc à nouveau se présenter devant les tribunaux pour faire face à des accusations de meurtre au second degré.