L'aventure de 12 Québécois envoyés au Guatemala avec l'organisme Dentistes sans frontières a pris une tournure malheureuse, a appris La Presse. Après leur agression par un groupe d'hommes armés, ils ont dû écourter leur séjour.

Établi dans la région de Retalhuleu, dans le sud du pays, le groupe de jeunes dentistes a pris, vendredi dernier, la route pour une attraction touristique bien connue, le lac Atitlán, près du volcan San Pedro.

Mais le bus qui les transportait est tombé dans un piège. «On a été attaqués par au moins six hommes armés qui nous ont dépassés dans un tunnel réputé pour ce genre d'attaque. Ils ont braqué leur arme sur le chauffeur», rapporte l'un des Québécois victime de l'agression, dans un courrier envoyé à La Presse. En quelques minutes, le groupe a pris le contrôle du bus et l'a conduit dans un endroit isolé.

Les hommes ont fouillé chaque passager, leur dérobant leur argent liquide, leurs téléphones, ordinateurs et appareils photo. Par chance, croit cette victime qui souhaite garder l'anonymat, le bus s'est enlisé près d'un bois, et les efforts conjugués des victimes et de leurs agresseurs n'ont pas suffi à le remettre en route.

«Ça nous a sauvé la vie», explique cette victime. D'après elle, les braqueurs ont dû abandonner l'idée de les conduire plus loin, où les attendaient des renforts.

Après de longs moments d'angoisse, tous les passagers ont dû descendre du bus pour être ligotés. Certains ont même dû baisser leurs sous-vêtements pour permettre aux hommes de les fouiller intégralement. Avant de partir, les voleurs leur ont demandé de rester coucher trois heures face contre terre avant de donner l'alerte. Mais comme la nuit tombait, le groupe s'est finalement décidé à donner l'alerte plus tôt, grâce au téléphone portable que le chauffeur avait pu cacher. «C'étaient des minutes et des heures infernales», résume cette victime.

Après avoir porté plainte à la police, le groupe a regagné la capitale guatémaltèque et devancé de quelques jours son retour. D'ici à demain, tous les membres de l'expédition seront rentrés à Montréal.

«Un cas isolé»

Terre sans frontières, l'organisme qui chapeaute notamment Dentistes sans frontières, n'a pas encore tous les éléments pour comprendre ce qui est arrivé au groupe. Mais chose certaine, c'est la première fois qu'un tel événement se produit.

«Heureusement, il n'y a pas eu de blessé physique», dit le directeur général de Terre sans frontières, Robert Gonneville, qui croit qu'un groupe d'étrangers peut attirer l'attention des malfaiteurs. «Quand vous voyez 12 étrangers en camion, [certains considèrent] que c'est un compte en banque qui se promène.»

M. Gonneville refuse toutefois de céder à la panique.

«D'après moi, c'est un cas isolé. Nous avons envoyé 200 personnes au cours de 15 missions au Guatemala et c'est la première fois que ça arrive, dit-il. Il faut être prudent, tenir compte de ce qui est arrivé. C'est évident qu'on doit avoir une surveillance plus stricte, et un protocole plus strict dans ces cas-là.»

Selon ce qui nous a été rapporté, le bus voyageait sans escorte policière. Une première pour les missions de Dentistes sans frontières au Guatemala, habituellement encadrées par la police locale. La décision de demander le soutien de la police est laissée au chef et au responsable local de la mission.

«Ils ont dû décider qu'ils n'avaient pas besoin d'être escortés. S'ils ont pris cette décision, c'est parce qu'ils pensaient que ce n'était pas nécessaire. Mais de toute évidence, ça l'était. On va en tirer des leçons», assure M. Gonneville.

Terre sans frontières fait de la coopération internationale dans des pays d'Amérique latine et d'Afrique principalement. Il est partenaire de plusieurs organismes spécialisés dans la santé des populations les plus démunies.