L'enquêteur correctionnel du Canada a prévenu, mardi, que les détenus du pays vieillissent et que les pénitenciers ne sont pas équipés pour répondre à leurs besoins changeants.

Près d'un prisonnier sur cinq au pays est âgé de 50 ans ou plus, reflétant d'une part le vieillissement de la société en général, mais aussi le fait que l'incarcération de ces détenus survient plus tard dans leur vie adulte qu'auparavant.

Le nombre de prisonniers grisonnants a augmenté de 50% au cours de la dernière décennie, a indiqué l'enquêteur correctionnel, Howard Sapers.

Lors d'une conférence de presse, il a souligné que ces statistiques étaient maintenant plus difficiles à ignorer que dans le passé.

Les pénitenciers n'ont pas été conçus pour les prisonniers ayant des incapacités physiques ou ayant besoin de soins palliatifs. Certains prisonniers plus âgés sont aussi plus susceptibles d'être intimidés, a indiqué M. Sapers.

«Alors que les prisons deviennent plus peuplées, nous avons des préoccupations importantes en ce qui a trait au mélange de détenus âgés et vulnérables avec des détenus plus jeunes et agressifs», a-t-il observé.

L'enquêteur correctionnel du Canada s'est récemment entretenu avec un groupe de détenus âgés d'une prison de sécurité moyenne de l'Ontario.

«Ils m'ont dit qu'ils craignaient pour leur sécurité physique. L'intimidation et les altercations physiques sont des préoccupations omniprésentes pour les prisonniers plus âgés», a expliqué M. Sapers.

Certains détenus victimes de harcèlement ont été forcés de donner leurs repas ou leurs ordonnances médicales, entre autres.

«Ces histoires ne sont habituellement pas rapportées aux employés des pénitenciers», a souligné M. Sapers.

Il a précisé que le Service correctionnel du Canada ne tolérait pas ce genre de comportement, mais que bien souvent, les employés n'en étaient pas témoins. Plusieurs détenus vieillissants ne veulent tout simplement pas faire de vagues avec ces incidents, selon M. Sapers.

«C'est particulièrement difficile si vous vous sentez déjà vulnérable», a-t-il fait valoir.

M. Sapers a fait remarquer que les prisons fédérales étaient déjà surpeuplées et que la tendance ne ferait que s'accentuer avec le temps. Les nouvelles lois fédérales prévoient des peines plus sévères, prolongeant du même coup la durée des peines purgées dans les prisons, et ce, par un nombre croissant de détenus.

Le gouvernement de Stephen Harper veut injecter 2 milliards $ sur une période de cinq ans pour ajouter quelque 2700 lits dans les prisons pour hommes et pour femmes, mais l'enquêteur correctionnel juge que la mesure ne sera pas suffisante.

«Il faudra plusieurs années avant que les nouvelles cellules soient disponibles», a-t-il avancé.

Le bureau de M. Sapers recommande notamment au Service correctionnel de songer à installer des rampes pour les fauteuils roulants, de construire des couloirs plus larges et de prévoir un accès plus facile aux salles de bains dans les nouvelles prisons.

Il pourrait toutefois être nécessaire, un jour, de créer des unités spécialisées en soins gériatriques, a estimé M. Sapers.