Une poussette vide se trouvait hier au bas des escaliers menant à la résidence de Saint-Eustache où un drame familial avait été évité de justesse, la veille. Vers 6h lundi, une mère de 31 ans aurait tenté d'électrocuter et de noyer ses fils de 4 et 6 ans dans la baignoire, avant d'essayer de s'enlever la vie de la même façon.

Le père a réussi à empêcher ce drame, après avoir été tiré du lit par les cris d'un des enfants. Sa conjointe devrait être formellement inculpée de tentative de meurtre contre ses fils, aujourd'hui, au palais de justice de Saint-Jérôme.

La mère est toujours hospitalisée sous surveillance policière à Saint-Jérôme et les enfants se trouvent dans un autre centre hospitalier en compagnie du père. «Tous sont hors de danger», a résumé l'agent Normand Brulotte, de la police de Saint-Eustache.

La mère n'avait toujours pas rencontré les policiers, hier soir. «On doit attendre que le médecin nous donne le feu vert pour l'interroger», a précisé M. Brulotte. Elle était en profonde détresse psychologique lorsque les policiers se sont présentés sur les lieux du drame.

Des ermites

C'était la première fois que les policiers se présentaient à cette résidence de la rue Jean-Baptiste-Comeau, dans le quartier Rivière-Nord.

Une autre famille sans histoire d'un quartier paisible? Pas tout à fait, selon quelques voisins interrogés. «Ce sont pratiquement des ermites, qui ne s'intègrent pas du tout au voisinage. Ils ne sortent pratiquement jamais et évitent les interactions», a raconté un voisin immédiat. «C'est arrivé qu'on était dans la cour et qu'ils faisaient rentrer leurs enfants parce qu'on était là. Leur comportement est très antisocial», a-t-il ajouté.

La mère impliquée dans le drame souffrirait d'une malformation à une jambe qui l'oblige à se déplacer à l'aide de béquilles. Quelques voisins ont aussi avancé qu'elle souffrait d'une dépression. «Malsain est plutôt le mot qui me vient en tête. Je ne vois pas une dame en dépression, mais plutôt un couple qui a un mode de vie malsain depuis des années», a affirmé le voisin immédiat.

Idéal pour les enfants

Le quartier grouille d'enfants, à en juger par le nombre de jouets sur les terrains et par les décorations d'Halloween sur les maisons. Un petit parc rempli de jeux s'élève même au bout de la rue en demi-lune. «L'endroit idéal pour élever des enfants!», a lancé cette autre voisine.

Comme la plupart des gens du coin, elle ne connaît pas les acteurs du drame évité. «J'ai entendu dire que la femme est une bonne maman. Je ne veux pas lui lancer la pierre, mais je trouve ça terrible de vouloir emmener ses enfants avec elle», a avoué la voisine, dont le bungalow abrite une garderie en milieu familial. «On ne sait pas ce qui se passe dans les maisons, une fois que la porte s'est refermée», a-t-elle ajouté.

Et si le pire a été évité, personne ne semblait croire que les choses allaient si mal, derrière la façade d'une cour remplie de jouets.

Les drames familiaux

De son côté, la présidente de l'Ordre des psychologues du Québec, Rose-Marie Charest, rappelle que quatre enfants ont failli faire les frais de drames familiaux en fin de semaine seulement.

À Saint-Eustache, mais aussi dans la réserve faunique des Laurentides, vendredi, où un automobiliste aurait foncé délibérément sur une autre voiture au terme d'une dispute conjugale. Ses deux enfants, son ex-conjointe et les parents de cette dernière se trouvaient avec lui dans son véhicule. «Si une maladie risquait de tuer quatre enfants en si peu de temps, beaucoup de fonds seraient investis. Mais parce que c'est d'ordre psychologique, on refuse d'en faire un problème de santé publique», a déploré Mme Charest, qui prêche en faveur d'une réflexion nationale sur les drames familiaux. «Il faut trouver de meilleures façons de protéger les enfants et les parents d'eux-mêmes», a ajouté Mme Charest.

Sans la présence du père, une personne aussi en détresse que cette mère de Saint-Eustache aurait sans doute réussi à tuer ses enfants, a résumé Mme Charest.

Depuis le début de l'année, quelques tragédies familiales ont fait les manchettes. À commencer par le procès du cardiologue Guy Turcotte, déclaré criminellement non responsable de la mort de ses deux enfants après une séparation.