Omar Bulphred, ce Montréalais condamné pour attentats antisémites en 2009, a vu sa libération d'office révoquée hier en raison de menaces à un pensionnaire de sa maison de transition, mais aussi d'écrits ultraviolents réalisés en prison.

Estimant que l'homme de 26 ans représente «un risque inacceptable pour la société», la Commission nationale des libérations conditionnelles a renvoyé Bulphred purger plusieurs mois de sa sentence en cellule.

Sa libération était suspendue depuis mai, alors qu'il avait poursuivi un codétenu de sa maison de transition avec un couteau pendant une nébuleuse dispute. La victime présumée a déclaré que Bulphred l'aurait avertie qu'il savait «où couper, où frapper pour vider un individu de son sang».

La Commission s'inquiète aussi de la découverte d'une pile «imposante» d'écrits dans sa cellule en prison. Le texte parlait de «fantasmes meurtriers, de démembrement, de conversation décrivant l'extase du meurtre et de la renaissance du terrorisme», remarquent les commissaires.

Le détenu s'est défendu en plaidant le droit à la littérature.

Dans un entretien avec un journaliste de La Presse, Bulphred a expliqué qu'il était en train d'écrire un roman. Il se scandalise qu'on puisse s'inquiéter ainsi de son oeuvre littéraire. Selon lui, il ne mérite pas plus d'être pointé du doigt que l'auteur à succès Stephen King, dont les romans contiennent aussi beaucoup de violence.

Mais la Commission, qui a reçu en août un rapport confidentiel sur le danger que présente Bulphred pour un employé du Service correctionnel, n'est pas du même avis. Elle voit un lien potentiel entre la menace envers cet employé et les écrits du détenu.

«Les informations (...) sont préoccupantes si l'on se réfère au fait que dans un passé récent, de nombreux écrits ont été saisis dans votre cellule faisant état de fantasmes meurtriers», lit-on dans la décision d'hier.

Omar Bulphred sera de nouveau admissible à une libération d'office en février. Sa peine de sept ans de prison, dont il pouvait déduire 44 mois de détention préventive, prend fin en juin prochain. Propagandiste du «jihad islamique», le jeune homme avait été condamné pour un attentat au cocktail Molotov contre une école juive d'Outremont, l'incendie d'une voiture et un attentat raté aux bombonnes de gaz contre le centre communautaire juif Ben Weider.

- Avec la collaboration de Fabrice de Pierrebourg