La mariée dont il est question ici n'a peut-être pas la grâce de Kate Middleton, mais elle a contribué à faire acquitter un de ses invités en avouant que c'est elle, et non lui, qui avait battu et traîné une invitée dans le gravier, le jour de ses noces.

Patrick Bourque, l'invité qui était accusé d'agression sexuelle et de voies de fait ayant causé des lésions, a été acquitté la semaine dernière, au palais de justice de Longueuil, même si le juge ne croyait pas vraiment sa version. Outre les contradictions du témoignage de la plaignante, le juge Richard Marleau a tenu compte des aveux tardifs de la mariée, Renée Côté, pour rendre sa décision. «Néanmoins, la mariée est venue témoigner qu'elle est l'auteure du crime. On ne peut pas écarter du revers de la main ses explications de ne pas avoir voulu se dénoncer dès le départ, non plus que les raisons évoquées par l'accusé pour ne pas la dénoncer non plus.» De fait, la mariée ne s'était pas dénoncée, en raison de son dossier judiciaire qu'elle jugeait déjà trop chargé.

Mme Côté, 45 ans, s'est mariée le 26 août 2007. La réception s'est tenue dans une grange de Saint-Hubert, en présence de plusieurs dizaines d'invités (40 à 100, selon différentes évaluations). M. Bourque était du nombre, et la mariée et d'autres convives l'avaient chargé d'acheter des stupéfiants pour l'occasion. M. Bourque s'est rendu au mariage en compagnie d'une femme, S. D., qu'il fréquentait depuis trois semaines. En arrivant sur place, la femme a trouvé étrange qu'il la présente comme une «cousine». Plus tard au cours de la soirée, la femme a appris que celui qu'elle croyait célibataire était toujours en couple avec sa conjointe des sept dernières années. Elle a aussi appris qu'une soeur de la mariée avait des sentiments pour M. Bourque, et qu'elle lui avait même déjà fait une fellation.

Humiliation

Furieuse, S. D. a apostrophé M. Bourque pour lui dire qu'elle se sentait humiliée et que c'était terminé. Le ton a monté. La femme aurait voulu partir, et elle s'est retrouvée dehors. À partir de ce moment, les versions diffèrent, mais une chose est sûre: la femme s'est fait sévèrement rosser, au point où elle a perdu une dent, une sandale et son téléphone portable. Un couple qui quittait la réception a vu la femme par terre près d'un fossé, blessée, la bouche ensanglantée, la robe tachée, et l'a fait monter. Le bon Samaritain a fini par convaincre S. D. d'appeler le 911. Elle a été prise en charge par les ambulanciers et les policiers. Au départ, S. D. soutenait que, lors de la querelle, M. Bourque l'avait frappée à coups de poing et de pied et l'avait agressée sexuellement, avant que d'autres invités de la réception n'accourent près d'eux. M. Bourque soutenait au contraire qu'il y avait eu une querelle entre S. D. et une autre femme.

Lors de l'enquête préliminaire, la victime alléguée s'est souvenue que la mariée lui avait donné un coup de poing au visage, après lui avoir reproché d'avoir «gâché sa noce».

Lorsque la mariée a témoigné au procès, elle a plutôt raconté avoir trouvé la plaignante assise près des voitures dans le gravier. S. D. semblait en colère, a dit qu'il s'agissait d'un mariage de «trou-de-cul», puis s'est mise à insulter la famille de la mariée. «C'en est trop pour la mariée, qui la frappe à coups de poing à au moins quatre ou cinq reprises si ce n'est pas plus. Elle admet l'avoir traînée ensuite par terre dans la gravelle, sur une distance de deux longueurs d'automobile, avec comme intention de la diriger vers un fossé et l'y jeter», a noté le juge dans sa décision. La mariée a finalement laissé la victime au bord du fossé, plutôt que de l'y jeter.

Quatre ans après les faits, M. Bourque, maintenant âgé de 38 ans, est donc acquitté. En ce qui concerne la mariée, Mme Côté, comme elle a témoigné dans le cadre d'un procès, ses aveux ne seront pas utilisés contre elle, a indiqué Me Stéphane Blondin, qui représentait M. Bourque.

Est-il besoin de préciser que la noce dans la grange a vu défiler des substances de toutes sortes?