Anne-France Goldwater, la fougueuse avocate de Lola et juge vedette de l'émission L'arbitre, sur la chaîne V, pourrait se faire laver la bouche avec du savon par le Barreau en raison des propos crus qu'elle a tenus envers un collègue.

L'avocate spécialisée en litige familial doit comparaître devant le Barreau le 28 novembre. On lui reproche un manque de courtoisie et des propos dérogatoires.

L'incident est survenu le 21 juin 2010 dans le cadre d'un litige de divorce, dans une salle d'audience de la Cour supérieure, à Montréal. Le juge n'était pas encore entré, les clients n'étaient pas là, mais la greffière et des avocats y étaient. Furieuse que l'avocat de la partie adverse veuille produire certains documents, Me Goldwater, dont la langue maternelle est l'anglais, aurait dit à son collègue de «manger la marde». Elle aurait répété son invitation en plusieurs langues, dont l'espagnol et l'allemand.

L'avocat visé, Me Justin Roberge, a porté plainte au Barreau en août. Prévenue, Me Goldwater a écrit une lettre au Barreau pour s'excuser de son comportement et dire qu'elle était prête à présenter ses excuses à Me Roberge et à tous ceux qui se trouvaient dans la salle. Mais cela ne semble pas avoir satisfait le Barreau, puisque la plainte a continué de cheminer.

Jointe en fin de journée, hier, Me Goldwater reconnaît qu'un incident est survenu lors d'un échange avec Me Roberge. Elle dit regretter ses propos, qu'elle attribue à son impulsivité. Un excès de langage survenu dans le feu de l'action, dit-elle. «Il s'en prenait à ma cliente», a-t-elle dit, avant d'ajouter qu'elle n'aurait pas dû s'emporter ainsi. «On est tenus à des standards.»

Reconnue pour son fort tempérament, son franc-parler et ses luttes acharnées, Me Goldwater, qui pratique le droit depuis 30 ans, admet qu'elle a déjà été interpellée auparavant par le Barreau. On lui a recommandé d'être plus polie, plus réservée. Mais c'est la première fois qu'elle se retrouve devant le Conseil de discipline, assure celle qui sera défendue par Me Julius Grey.

Yves Thériault, producteur associé de l'émission L'arbitre, est déçu que Me Goldwater se retrouve dans cette situation, même s'il considère que «des écarts de langage, ça peut arriver à tout le monde».

«On est conscient que c'est une personne volubile, colorée. On souhaite qu'elle se comporte d'une façon qui cadre avec la fonction qu'elle occupe actuellement. On ne veut pas qu'elle devienne le Doc Mailloux de la profession juridique. C'est une femme intelligente et drôle. Elle n'a pas besoin de dire des choses comme ça», a-t-il dit.