Trois semaines avant sa mort, en 2009, l'ex-boxeur Arturo Gatti a signé une promesse de fidélité à sa femme, Amanda Rodrigues. Selon cet acte notarié, s'il manquait à sa promesse, il lui donnerait 1 million de dollars, et peut-être même toute sa fortune.

Cette étonnante révélation a été faite mardi, au premier jour du procès civil qui oppose Ida et Fabrizio Gatti, respectivement mère et frère du défunt boxeur, à Amanda Rodrigues. Cette dernière, âgée de 25 ans, est l'unique bénéficiaire du dernier testament fait par Gatti, le 17 juin 2009. Le testament et la promesse de fidélité ont été signés le même jour à Montréal, chez le notaire Bruce Moidel.

Au terme de ce procès, qui doit durer une vingtaine de jours, la juge Claudine Roy devra décider si Mme Rodrigues, d'origine brésilienne, est indigne de toucher la succession pour cause de captation, comme le prétendent la mère et le frère du défunt. Rappelons qu'Arturo Gatti est mort le 11 juillet 2009, au Brésil. Il se serait pendu avec les courroies du sac à main de Mme Rodrigues pendant que celle-ci dormait dans une autre pièce de l'appartement où ils passaient des vacances.

Soupçonnée d'être impliquée dans cette mort au départ, Mme Rodrigues avait été arrêtée, puis relâchée quelques jours plus tard. La police brésilienne aurait conclu au suicide, et aucune accusation n'a été portée contre elle.

Une suggestion qui arrive à point

Le notaire Bruce Moidel a été le premier témoin appelé à la barre, mardi matin. Il a raconté que, le 11 juin 2009, Mme Rodrigues est allée le voir à son cabinet parce qu'elle avait besoin d'une lettre pour permettre à son mari de voyager seul hors du pays avec leur fils, Arturo Jr. Le notaire a appris par la même occasion que le couple s'apprêtait à partir en Europe sans l'enfant, qui serait confié à une gardienne. Il s'agissait d'une seconde lune de miel, selon sa compréhension. Il a demandé à Mme Rodrigues si leur testament était à jour, au cas où il leur arriverait quelque chose. Cette suggestion a apparemment intéressé Mme Rodrigues.

Le lendemain, vendredi 12 juin, Amanda Rodrigues et Arturo Gatti se sont rendus chez le notaire pour faire leur testament.«C'était un testament normal pour un couple avec un enfant», a fait valoir le notaire, mardi. Si l'un survivait à l'autre, il héritait, et si les deux mouraient en même temps, c'est l'enfant qui héritait. «Comment puis-je être certaine d'avoir l'argent?», aurait demandé Mme Rodrigues, qui disait que son mari était un homme à femmes. Selon le notaire Moidel, Arturo aurait assuré à Mme Rodrigues qu'il lui serait fidèle. Il en était tellement certain qu'il était prêt à lui donner 1 million de dollars s'il ne tenait pas sa promesse. Le notaire a alors suggéré de rédiger une hypothèque mobilière en ce sens, ce qui fut fait et signé.

Cependant, le document est rédigé de telle sorte que ce n'est pas 1 million de dollars que M. Gatti aurait perdu en cas d'infidélité, mais peut-être toute sa fortune. Le notaire a reconnu que le document n'était pas limpide à ce sujet. Il a d'ailleurs signalé que, en 52 ans de pratique, il n'avait jamais eu à rédiger pareil document.

Une relation orageuse

Arturo Gatti et Amanda Rodrigues se sont mariés à Las Vegas en août 2007. En septembre 2008, Mme Rodrigues a donné naissance à un garçon qu'ils ont aussi appelé Arturo. Le père était fou de joie, mais sa relation avec Mme Rodrigues était orageuse, selon un ami intime du boxeur, Chris Santos, qui a témoigné en après-midi, mardi. «Ils se querellaient souvent», a-t-il dit, avant de décrire certaines de ces querelles. Par exemple, lors d'un souper au restaurant, Mme Rodrigues a dit que Sofia, la fille que M. Gatti avait eue d'une union précédente, avait l'air d'une «enfant attardée». Cette remarque a rendu Gatti furieux.

Lors d'une autre sortie, Gatti s'est fâché parce que sa femme se plaignait de tout et de rien, notamment du service au restaurant, et disait qu'elle n'aimait pas les francophones. Au baptême d'Arturo fils, alors qu'ils rentraient en limousine avec d'autres convives après la soirée, le couple s'est disputé. À un certain moment, la jeune femme a enlevé son pantalon devant tout le monde, a raconté M. Santos.

Une autre fois, M. Santos a remarqué qu'Arturo avait un oeil tuméfié. «C'est Amanda?» a demandé M. Santos. Arturo a baissé la tête en signe d'acquiescement. Il se souvient aussi d'une conversation téléphonique dont il a été témoin, au cours de laquelle Gatti a dit d'une voix forte: «C'est fini, Amanda. Tu ne sais pas cuisiner, tu ne fais pas le ménage et j'en ai assez de ta sale gueule.» Il aurait aussi ajouté: «Ils savent que tu es strip-teaseuse.»

Parallèlement, selon M. Santos, Arturo Gatti voyait difficilement sa fille (qui demeurait aux États-Unis) et il craignait de perdre son fils. M. Santos sera contre-interrogé ce matin.

Un peu plus tôt, mardi, un policier a raconté qu'Arturo Gatti avait porté plainte à la police le 2 juin 2009 parce que Mme Rodrigues avait volontairement égratigné sa voiture avec une clé après lui avoir fait une scène dans un restaurant. Un voisin a aussi relaté avoir entendu le couple se quereller devant la maison d'Ida Gatti, à Rivière-des-Prairies, à quelques reprises, notamment le 15 juin 2009. Arturo Gatti vivait chez sa mère depuis quelques mois.