Les victoires s'accumulent pour la nouvelle PDG de la Commission de la construction du Québec (CCQ), Diane Lemieux, qui vient d'obtenir le feu vert pour casser en deux son syndicat, relancer son programme d'enquête sur les employés et passer à ce qu'elle appelle «la vitesse supérieure» en matière de lutte contre la corruption.

La Loi concernant la lutte contre la corruption, entrée en vigueur hier, exige désormais que les 300 employés de la Commission affectés aux enquêtes aient de «bonnes moeurs». C'est le signal qu'attendait Mme Lemieux pour relancer son programme «d'enquête sur les enquêteurs». La vérification de leurs antécédents judiciaires et de leur vulnérabilité financière avait été suspendue en avril en raison de l'opposition du syndicat.

«C'avait été mis sur la glace, car c'était contesté. Mais maintenant, ce n'est plus une exigence de l'employeur, c'est écrit dans la loi. Nous avons l'intention de réactiver le programme d'habilitation sécuritaire dès la semaine prochaine», confirme Louis-Pascal Cyr, conseiller de Diane Lemieux.

Les enquêteurs de la CCQ, dont certains collaborent avec l'Unité permanente anticorruption, luttent contre le travail au noir et s'assurent que les ouvriers ont leurs cartes de qualification. La semaine dernière, la Cour supérieure a rejeté une demande d'injonction du syndicat des employés de la Commission, qui voulait bloquer temporairement l'entrée en vigueur d'une série d'autres dispositions de la loi qui forcent les 300 enquêteurs à se séparer du syndicat dès maintenant. Le litige sera tranché sur le fond au cours des prochains mois, mais d'ici là, le juge Stéphane Sansfaçon a déterminé qu'il n'y a pas motif à bloquer le fractionnement du syndicat.

La loi prévoit que les enquêteurs pourront se syndiquer s'ils le souhaitent, mais dans une unité distincte qui préservera leur indépendance. «Je pense que c'est une injustice pour les membres», déplore Serge Cadieux, directeur général du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPB), affilié à la FTQ, qui représente les employés de la Commission.

Le fractionnement du syndicat en pleine négociation pour le renouvellement de la convention collective empêche les enquêteurs de poursuivre les moyens de pression qu'ils avaient enclenchés, comme la grève des heures supplémentaires. Le SEPB dit toutefois avoir déposé une nouvelle demande d'accréditation syndicale pour les enquêteurs, dans le but de les garder au sein de la FTQ.

Pour le moment, du moins, les enquêteurs se retrouvent libres de toute attache syndicale, ce qui réjouit Diane Lemieux.