«Consternant», «incompréhensible», «sauvage». Le juge Guy Cournoyer n'a pas ménagé les adjectifs, hier, pour qualifier le meurtre de Dany Ouellette, 24 ans, tué de 38 coups de couteau dans le quartier Saint-Henri.

L'un des cinq présumés auteurs du meurtre, Thomas Philippe Saulnier, s'est vu refuser sa libération sous caution, hier, au palais de justice de Montréal.

Saulnier, âgé de 27 ans, n'a pas d'antécédents judiciaires et est bien encadré par sa famille, a souligné le juge. Son père est agent correctionnel fédéral et sa mère est coordonnatrice d'un musée. Ils étaient présents à l'audience, hier, tout comme la famille de la victime.

La poursuite a d'ailleurs admis que l'accusé ne représente pas un danger pour la sécurité du public. Il ne risque pas, non plus, de fuir la justice. Toutefois, la confiance du public en l'administration de la justice aurait été minée par sa libération provisoire, a plaidé avec succès le procureur de la Couronne, Me Jacques Dagenais.

«On se demande comment un jeune homme aussi bien entouré a pu participer à de tels actes», a relevé le juge Cournoyer, qui a qualifié de «consternantes» et «incompréhensibles» les circonstances du meurtre.

Plus un crime est inexplicable, plus la confiance du public en l'administration de la justice risque d'être ébranlée par la libération provisoire d'un accusé, a expliqué le juge de la Cour supérieure.

Plus tôt cette année, un jury a déclaré le plus jeune des accusés, un adolescent de 16 ans, coupable de meurtre non prémédité. C'est lui qui a donné les 38 coups de couteau à la victime.

Le 7 mars 2010, l'adolescent s'est disputé avec Dany Ouellette à l'intérieur du bar le Black Jack, à Verdun. Il est ensuite allé chercher quatre amis, dont Saulnier, pour se venger.

L'agression, qui a eu lieu à l'extérieur du bar, a été captée par des caméras de surveillance. On y voit l'adolescent poignarder Dany Ouellette pendant que les autres l'empêchent de s'enfuir et le rouent de coups de pied. La victime a succombé à ses blessures dans la nuit.

«Le visionnement des enregistrements vidéo est saisissant et laisse le tribunal pantois, a dit le magistrat. La mort de Dany Ouellette est sauvage et inexplicable.» Selon la preuve de la poursuite, les accusés ont appliqué la loi du talion, a relevé le juge.

D'abord inculpés de meurtre prémédité, les quatre accusés adultes verront l'accusation réduite à celle de meurtre non prémédité, a annoncé la poursuite, hier. Saulnier a été le dernier à se faire arrêter, 10 mois après le crime. Tous doivent retourner en cour le 6 septembre pour fixer la date de leur procès.