Ils ont contribué à des viols, à des massacres ou à de sanglantes répressions, et pourtant ils continuent de vivre paisiblement au Canada. Pour mettre fin à cette situation, Ottawa a publié hier la photo de 30 immigrés fugitifs, dont 4 anciens Montréalais, accusés d'avoir participé à des crimes de guerre ou à des crimes contre l'humanité.

Le gouvernement Harper demande l'aide du public pour retrouver ces suspects afin qu'ils soient expulsés au plus vite. La plupart d'entre eux étaient déjà en attente de leur renvoi du pays lorsqu'ils ont pris la clé des champs.

«Les gens qui ont commis des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité ne trouveront pas refuge sur nos côtes», a déclaré le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, lors d'un point de presse à Toronto.

Les quatre suspects qui se trouvaient à Montréal avant de disparaître sont Abraham Bahaty Bayavuge, 49 ans, du Congo ; Atean Al Meliky Kesir Firs, 37 ans, de l'Irak ; Arshad Muhammad, 42 ans, du Pakistan ; et Mohamed Ratni, 36 ans, de l'Algérie.

Michael Patton, directeur des communications du ministre de la Sécurité publique, a expliqué que le gouvernement ne blâme ni l'Agence des services frontaliers ni les gouvernements précédents pour la présence de ces présumés criminels au Canada : « Aucun système n'est infaillible à 100 %. Les suspects ne peuvent pas tous être identifiés à l'étranger ou à leur entrée au Canada, car ils faussent leur identité et cachent leur participation à des crimes de guerre ou à des crimes contre l'humanité.»

Pas des enfants de choeur

Michel Juneau-Katsuya, ancien cadre du Service canadien du renseignement de sécurité, estime que cette liste de 30 noms est bien courte.

«C'est la pointe de l'iceberg! s'exclame-t-il. Je pense qu'on pourrait facilement tripler ce nombre pour ce qui est des criminels de guerre, selon ce que j'ai déjà entendu. Et on ne parle pas d'enfants de choeur. Ce sont des gens qui ont fait des viols de masse, des meurtres de masse, qui ont fait déferler la terreur dans leur pays. On doit les arrêter.»

«Ça ne veut pas dire que notre système d'immigration fonctionne mal, ajoute-t-il. Car si plusieurs sont entrés au pays frauduleusement, on voit ici qu'on a fini par détecter la supercherie.»

En 2007-2008, le Pro­gramme des crimes de guerre du Canada a empêché 326 personnes d'entrer au pays et en a expulsé 23 qui s'y trouvaient déjà, en plus de refuser le statut de réfugié à 26 autres, selon les données fournies par le ministère de la Sécurité publique.