S'il faut en croire Stéphanie Meunier, elle n'a pas frappé le petit Jérémy, mort le 6 décembre 2008. L'enfant de quatre ans, fils de son conjoint, a été frappé par ce dernier, et est tombé deux fois au parc, la veille de sa mort. Sans compter qu'il peut avoir été blessé par le propre fils de Mme Meunier, un petit garçon de cinq ans qui se prenait pour Spiderman en se jetant sur les gens, du haut d'un lit superposé.

C'est ce qui se dégage du témoignage que Mme Meunier a rendu ce matin, à son procès. La femme de 32 ans est accusée du meurtre prémédité du petit Jérémy Bastien-Perron, mort d'une hémorragie cérébrale causée par un choc très violent à la tête. Son corps affichait en outre une multitude de bleus et de marques. Rien que sur son thorax, on dénombrait 18 blessures. Dans son témoignage, Mme Meunier n'a jamais dit qu'elle avait frappé elle-même l'enfant. Au contraire, selon ses dires, elle était attentive à ses besoins et se préoccupait hautement des blessures visibles sur l'enfant. Elle affirme en avoir parlé à son conjoint, Francis Bastien, dans les semaines précédant le drame. Elle aurait voulu que le petit Jérémy soit conduit à l'hôpital. Mais M. Bastien a dit que ce n'était rien, et a répondu à Mme Meunier de se mêler de ses affaires.

Mme Meunier a quatre enfants, deux filles et deux garçons, issus de son union avec un certain Benoît, avec qui elle est restée dix ans. La famille demeurait dans un logement de six pièces et demie, qui leur coûtait 280$ par mois (coopérative). Mme Meunier demeurait toujours avec Benoît, en 2008, quand elle a connu Francis Bastien, par le biais du site de rencontre Réseau Contact. Elle et M. Bastien se sont vus pour la première fois le 18 mai 2008. Ils se sont revus un mois plus tard, et ont commencé à se fréquenter. Mme Meunier affirme qu'elle devait mentir à son conjoint Benoît, pour «prendre une bouffée d'air et respirer.»

Le 1er novembre 2008, Mme Meunier, ses quatre enfants, ainsi que M. Bastien et son fils Jérémy, ont aménagé ensemble dans un logement de Rivière-des-Prairies. Selon elle, la relation était «so-so». Ils apprenaient à se connaître. M. Bastien travaillait à l'occasion pour une agence de placement. Il pouvait y aller quand il le voulait. Quand il n'y allait pas, il restait à la maison. Elle dit l'avoir vu donner une grosse tape sur les fesses à Jérémy. «Il avait le visage très agressif. Je lui ai dit: "tu devrais aller prendre l'air".» Mme Meunier affirme avoir ensuite parlé au petit Jérémy, qui avait les fesses rouges, et saignait à la tête.

«Jérémy m'a expliqué que son père l'avait mis à genoux», a raconté Mme Meunier, avant de dire que l'enfant n'avait pas voulu se mettre à genoux, que le père l'avait poussé, et qu'il s'était frappé la tête sur une chaise de métal.

Le 30 novembre, M. Bastien est parti pour une semaine afin de servir de cobaye pour une firme de médicaments. Mme Meunier gardait les cinq enfants, dont le fils de M. Bastien. Elle soutient avoir appelé plusieurs fois M. Bastien, pour lui dire qu'il devait revenir et mener son fils à l'hôpital. La veille du drame, Mme Meunier dit être allée au parc avec Jérémy. L'enfant est tombé à la renverse dans la toile d'araignée. «Je l'ai décoincé», dit-elle. Il est tombé une deuxième fois, dans un autre jeu. Mais il a continué à jouer après.

Le 6 décembre, Mme Meunier dit avoir préparé une journée cinéma avec les enfants. Elle a fait des gâteaux aussi. À un certain moment, elle a demandé à Jérémy d'aller se laver les mains. Peu après, elle a entendu un gros bruit. Elle s'est précipitée et a trouvé le petit par terre dans le couloir. Il était couché sur le ventre, la face de côté. Il ne répondait pas, et avait une très faible respiration. Elle a appelé le 9-1-1. Mme Meunier poursuivra son témoignage cet après-midi, au palais de justice de Montréal.

Il est à noter que la preuve de la Couronne démontre que la majorité des coups auraient été portés dans la semaine précédant la mort de l'enfant, tandis que le coup mortel serait survenu dans les heures précédant son décès.