Un nouveau processus d'enquête sur les policiers doit être mis en place, a déclaré vendredi le maire de Montréal, Gérald Tremblay, alors qu'il réagissait à la fusillade meurtrière de mardi.



Déplorant les délais d'enquête «inacceptables», selon lui, le maire a affirmé que les membres du conseil municipal étaient unanimes quant à la nécessité de remplacer le processus d'enquête sur les policiers impliqués dans un événement qui a mal tourné.

«Est-ce qu'il faut que ce soit toujours des policiers et des policières qui enquêtent sur des policiers et des policières?», a-t-il demandé, comme si poser la question, c'était y répondre.

«Nous considérons qu'il doit y avoir un autre processus que celui qui est en place. Toute la politique ministérielle doit être revue.»

M. Tremblay a affirmé avoir demandé au ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, et au directeur du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), Marc Parent, de réfléchir «très sérieusement à la question».

Une journée plus tôt, à l'Assemblée nationale, M. Dutil avait dit envisager toutes les options pour faire la lumière sur cette affaire.

Le tragique événement, au terme duquel un homme souffrant de maladie mentale et un passant ont perdu la vie, a également soulevé des questions à propos de la désinstitutionnalisation, un «enjeu de société» dont les conséquences doivent être réévaluées, selon le maire.

«Dans certaines circonstances, il y a peut-être des risques qui dépassent l'accompagnement qui peut être donné aux personnes atteintes de maladies mentales», a avancé M. Tremblay, avant d'ajouter que l'état des personnes atteintes de troubles psychiatriques pourrait être évalué après leur sortie des institutions.

Se gardant d'annoncer de nouvelles mesures, le maire a semblé vouloir tirer des leçons de l'événement de mardi, que ce soit pour améliorer la politique ministérielle ou pour jeter un regard nouveau sur la formation des policiers.

«Peut-être que certaines des décisions qui ont été prises dans le passé devraient être revues», a-t-il avancé.

«Il faut s'assurer que l'ensemble des personnes puissent agir, mais au meilleur de la sécurité de façon générale. C'est un événement tragique qui doit amener à des résultats concrets le plus rapidement possible», a prudemment ajouté M. Tremblay, refusant de commenter le travail des policiers.

Rappelons qu'une opération policière visant à contrôler un individu au passé psychiatrique qui était en crise s'est soldée mardi par la mort de ce dernier, Mario Hamel, âgé de 40 ans. Patrick Limoges, un passant de 36 ans et employé de l'hôpital Saint-Luc, a également perdu la vie, après avoir été atteint d'une balle perdue pendant qu'il se rendait au travail.

Ses funérailles seront célébrées dimanche matin à Trois-Rivières.

Selon les premiers éléments de l'enquête, qui a été confiée à la Sûreté du Québec, trois balles ont été tirées par les policiers montréalais lors de cette opération.

En Chambre jeudi, le député péquiste de Verchères, Stéphane Bergeron, a souligné que le fait de confier l'enquête à un autre corps policier pouvait nuire à l'apparence de justice dans un contexte où le système judiciaire est mis à mal depuis quelques mois.

Le ministre Dutil a fait valoir qu'il cherchait une solution à la problématique des enquêtes sur des incidents impliquant des policiers depuis son entrée en fonction.

Il a par ailleurs souligné que les expériences tentées ailleurs, notamment en Ontario, n'avaient pas été concluantes.

Personne n'a encore trouvé de solution simple, facile ou limpide, a conclu le ministre.