En plus de posséder 760 000 images de pornographie infantile et de composer des histoires de la même facture, l'ex-membre des Grands Frères Camil Girard décorait son appartement avec des photos d'organes génitaux d'enfants. Il y en avait un peu partout, jusque sur les lampes.

C'est ce qu'on a appris hier, alors que les avocats de la Couronne et de la défense plaidaient sur la détermination de la peine de Camil Girard. L'homme de 52 ans, qui a déjà purgé 10 ans de prison dans le passé pour pédophilie, a plaidé coupable en décembre dernier à des accusations de possession et distribution de pornographie infantile. Fait particulier, c'est une équipe de télévision française qui l'avait dénoncé à la police un an plus tôt, après l'avoir piégé dans le cadre d'un reportage sur la cyberpédophilie. Girard avait ouvert sa porte au journaliste, croyant avoir affaire à un autre pédophile venu d'outre-mer. Il a été arrêté en décembre 2009, dans son appartement de la rue Sainte-Catherine, à Montréal.

Hier, la procureure de la Couronne Amélie Rivard a décrit cet appartement comme un «endroit de culte consacré à la déviance de l'accusé». Elle demande que Girard soit condamné à 8 ans de détention, en plus d'être déclaré délinquant à contrôler pour une période de 10 ans après sa sortie de prison.

L'avocat de la défense, Charles Benmouyal, ne s'oppose pas à ce que cette étiquette soit apposée à son client, mais il demande une peine de prison moins longue, soit de cinq ans. Me Benmouyal a indiqué que son client a une vie difficile en prison, en raison notamment de son poids et de sa santé. Obèse, il doit se laver dans sa cellule, car il n'entre pas dans la douche. Il est diabétique et il respire difficilement la nuit parce qu'il n'a pas son appareil. «C'est un grand malade», a noté Me Benmouyal.

Il a ajouté que l'accusé est diagnostiqué «pédophile» depuis longtemps et qu'il reconnaît son problème. Il est prêt à se faire traiter. Mais lors de son incarcération précédente, les traitements n'ont pas donné le résultat escompté. Il a déjà confié que les traitements alimentaient plutôt sa déviance.

Agressions sexuelles

Fondateur des Grands Frères du Saguenay, Girard a été condamné à 10 ans de prison, en 1996, pour avoir agressé sexuellement 5 garçons âgés de 8 à 13 ans qui lui avaient été confiés comme petits frères. Au moment de recevoir sa peine, Girard avait assuré au juge qu'il ne ferait plus de victimes. Il est sorti de prison en 2005 et s'est établi à Montréal. Me Benmouyal a signalé hier que Girard avait en quelque sorte tenu parole, car il n'avait pas fait de victimes directes, se contentant de copier et de relayer des images prises par d'autres pédophiles.

Hier, avant que la juge Louise Bourdeau n'ajourne l'audience, Camil Girard a tenu à livrer son message. Il a lu une lettre dans laquelle il demandait pardon à ses victimes passées, à sa famille et à la communauté. Il a aussi demandé pardon à ses «victimes indirectes», c'est-à-dire aux enfants que l'on voit sur les images de son impressionnante collection, qui comprend des scènes de bestialité et d'agression de bébés. «Je croyais ne faire de mal à personne en faisant ma petite affaire tout seul... Vous venez de pays où je n'ai jamais été et où je n'irai probablement jamais... Vos agresseurs vous ont offerts en pâture à des milliers de pervers comme moi... Nous avons abusé de vos corps purs et innocents... Je vais être dégoûté de tout ça, pour moi c'est bien terminé», a dit Girard, qui se serait tourné vers la religion depuis son incarcération.

La juge Bourdeau rendra sa décision le 29 juin.