Christian Carretta est à la fois fier et déçu.



Fier de s'être battu «jusqu'au bout» pour empêcher la libération du meurtrier de sa fille Cathy. Mais déçu d'apprendre que Jean-Paul Gerbet sera libéré, 13 ans après avoir étranglé la jeune femme de 22 ans.

La Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) a rendu cette décision, mercredi, après une audience avec le meurtrier de 44 ans dans un centre de détention de Laval.

Aussitôt libéré, Gerbet devrait être expulsé vers son pays d'origine, la France.

L'homme avait a été condamné à l'emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans pour le meurtre non prémédité de son ex-amie de coeur, Cathy Carretta, à Laval, en 1998.

À son premier passage devant la Commission, en janvier 2008, il n'a pu convaincre les commissaires de sa réhabilitation, notamment parce qu'il avait entretenu pendant plusieurs années une relation épistolaire avec la tristement célèbre meurtrière Karla Homolka alors que tous deux étaient emprisonnés.

Cette fois, il a vraisemblablement convaincu la Commission qu'il pouvait être libéré. Il a reconnu que sa relation avec Karla Homolka, qui s'est terminée en 2005, était «tout à fait inappropriée». Cette relation alimentait ses besoins «narcissiques et égoïstes».

Comme il ne possède pas la citoyenneté canadienne, une ordonnance d'expulsion a été rendue en 2001. Il devra avertir la Commission s'il veut revenir au Canada. Il prévoit aller vivre chez ses parents, en France, où il travaillera à la ferme.

«Vous assumez la responsabilité de votre délit, exprimez de l'empathie envers la famille de la victime et beaucoup de regrets», notent les commissaires. Gerbet a un potentiel de réinsertion sociale élevé et un faible risque de rcidive, estime la CNLC.

Gerbet a commencé à harceler Cathy Carretta après leur rupture, pour finalement l'étrangler dans un accès de rage. Il s'est ensuite réfugié au chalet du père de la victime, dont il a saccagé l'intérieur et causé des dommages évalués à plus de 20 000$. Il a ensuite téléphoné à des membres de sa famille et à des amis pour leur annoncer la mort de Cathy et son intention de se suicider. Il a été arrêté à ce chalet.

Les proches de la victime de 22 ans ont assisté à toutes les audiences de la Commission. Les commissaires ont d'ailleurs tenu à souligner «leur courage et l'importance de leurs témoignages».

«Cet homme-là en a fait baver aux femmes, a dit le père de la victime. L'une de ses anciennes copines a été battue. Une autre s'est suicidée. Notre fille a été tuée, puis il a eu une relation avec Karla Homolka. C'est encore un individu dangereux, à nos yeux.»