«La disparition de Jolène a été difficile pendant 12 ans, et c'est encore difficile en moment.»

La voix brisée, les mains tremblantes, Dolorès Soucy s'est adressée mercredi aux médias pour la première fois à la suite des nombreux rebondissements des dernières semaines dans l'affaire de la disparition et du meurtre de sa fille, survenus en 1999.

Accompagnée de Pina Arcamone, directrice générale de l'organisme Enfant-Retour, Mme Soucy a raconté les bouleversements vécus par sa famille lors d'un point de presse dans une salle de l'hôtel Hilton, au centre-ville de Montréal.

Après avoir piétiné durant 12 ans, l'enquête sur l'affaire Riendeau a fait des pas de géant en quelques semaines. Au début du mois de mai, la police a annoncé la découverte des restes de la fillette de dix ans et demi. Deux jours plus tard, elle a arrêté un homme de 47 ans. Ce dernier a été relâché le lendemain, mais il demeure le principal suspect. Une semaine plus tard, des centaines de personnes se sont rassemblées dans une église de Pointe Saint-Charles pour les funérailles de Jolène.

Critiques et remerciements

D'entrée de jeu, Dolorès Soucy a remercié les policiers, l'organisme Enfant-Retour, les médias et l'entreprise qui a imprimé près de 1 million d'avis de recherche, sans oublier l'ouvrier d'une entreprise d'excavation qui, en septembre dernier, a découvert les restes de Jolène sous le pont de L'Île-des-Soeurs. Pour ne pas nuire à son enquête, mais surtout pour s'assurer que les restes étaient bel et bien ceux de Jolène, la police a attendu plusieurs mois avant d'informer la famille de cette découverte. «Avant ce jour, on a toujours gardé espoir de la retrouver en vie», a confié Mme Soucy.

La mère de Jolène a salué le travail des policiers, avec qui elle a eu, au fil des ans, une relation amour-haine. «J'ai été impatiente, harcelante, et j'ai passé souvent par les médias pour me faire entendre. J'ai critiqué le travail des policiers, mais il fallait simplement de la patience, même si c'est long et dur pour des parents», a expliqué Mme Soucy.

Elle a toutefois reproché à la police son manque de communication avec sa famille. Dolorès Soucy a refusé de répondre aux questions touchant à l'enquête policière toujours en cours. «Il ne manque pas grand-chose à l'enquête, c'est tout ce que je peux dire», a-t-elle dit à La Presse d'un ton optimiste.

Traque au meurtrier

Avant de tourner la page, Mme Soucy souhaite plus que jamais que le meurtrier de sa fille soit enfin arrêté. Elle admet avoir été déçue et frustrée de voir le suspect no 1 recouvrer la liberté il y a environ un mois. «Mes attentes sont aujourd'hui envers la police. Tant que le coupable ne sera pas arrêté, il y aura un assassin agresseur sexuel et pédophile en liberté dans nos rues. Ça, c'est dur à accepter», a affirmé Mme Soucy avec aplomb. L'arrestation du coupable «vaudrait plus de 50 millions de dollars, pour l'honneur de ma fille et ma famille», a-t-elle dit.

Dolorès Soucy a bon espoir que la récompense de 30 000$ offerte par l'organisme Jeunesse au soleil contribuera à délier des langues. «Je demande aux gens de rewinder la cassette. Si vous êtes des parents et que vous avez des coeurs et non des pierres, sortez de l'ombre!»

Au meurtrier de sa fille, elle a ce message à livrer. «Tu cours depuis 12 ans, tu ne courras plus bientôt!»

Dolorès Soucy a manifesté le souhait de voir la création d'une escouade policière spécialisée dans les dossiers d'enfants disparus. «Ce serait la moindre des choses. Comment se fait-il que Jolène a été retrouvée à 3 km de la maison par un ouvrier et non par un policier?», a-t-elle demandé.

Mme Soucy a enfin consacré quelques mots à cette fillette qui lui manque tant et qu'elle n'aura jamais vue grandir. «Elle n'aura jamais la chance d'être une jeune femme ou d'assister à mon mariage avec son père après 25 ans», a regretté la mère, la gorge nouée.

Elle a ensuite quitté la salle avec, sous le bras, la photo encadrée de sa fille.